24. Afrique du Sud

L'Afrique du Sud a réduit son soutien à l’agriculture lors des réformes du milieu des années 90. Depuis 2010, ce soutien est resté inférieur à 5 % des recettes agricoles brutes. En 2019-21, il correspondait à 2.6 % des recettes agricoles brutes.

Le soutien repose en majeure partie sur le soutien des prix de marché (SPM) et sur les paiements au titre de l’utilisation d’intrants. La distorsion des prix est minime et les prix intérieurs de la plupart des produits sont alignés sur les prix mondiaux, à l’exception du sucre et, dans une moindre mesure, du blé, en raison des droits d’importation, principalement. Par conséquent, seuls ces deux produits font l’objet de transferts au titre d'un seul produit, qui représentaient approximativement 30 % et 5 % des recettes brutes respectives dégagées. La plupart des paiements directs prennent la forme de subventions aux intrants (remboursement de la taxe sur les combustibles) et de subventions à l’investissement destinées aux petites exploitations.

Le soutien aux services d'intérêt général (ESSG) a baissé par rapport à la taille du secteur. Son niveau est inférieur à la moyenne des autres pays couverts dans le présent rapport, et également inférieur à la moyenne OCDE. Au cours de la période 2019-21, l’ESSG a atteint en moyenne 1.4 % de la production agricole en valeur, ce qui est moins élevé que les 3.8 % relevés au début des années 2000. La plupart des paiements comptabilisés dans l’ESSG vont au système de connaissances et d’innovation agricoles, ainsi qu’aux dépenses d’infrastructure. Le soutien entrant dans ces catégories vise à créer un environnement favorable à l’activité des petites exploitations, qui ont vu le jour à la suite de la réforme foncière actuelle, initiée au milieu des années 90. Les dispositifs d’inspection et de contrôle sont une autre composante majeure des services fournis, et gagnent en importance. De manière générale, le soutien a reculé en valeur relative, passant de 0.6 % du PIB en moyenne en 2000-02 à 0.3 % en 2019-21.

Ces dernières années, les modifications apportées aux dispositifs publics visaient à améliorer la réforme foncière, et en particulier le système de redistribution des terres agricoles à usage commercial au profit des producteurs noirs, qui avait été adopté pour remédier aux lois discriminatoires empêchant la population noire d’occuper et d’acquérir des terres par le passé. Il importe de noter qu'en décembre 2021, l’Assemblée nationale a rejeté une loi portant modification de la Constitution en vue d’autoriser les expropriations sans compensation.

Le poste budgétaire national consacré à l’agriculture, à la réforme foncière et au développement rural (vote n° 29), que l’Assemblée nationale a inscrit dans la loi en 2021, dote le ministère de l’Agriculture, de la Réforme agraire et du Développement rural (Department of Agriculture, Land Reform and Rural Development – DALRRD) des ressources et le mandat nécessaires pour développer les chaînes de valeur agricoles, fournir des intrants agricoles, renforcer l’accès équitable aux terres et encourager le développement rural.

Le 18 mars 2021, un fonds agro-industriel de 1 milliard ZAR (67.6 millions USD) a été mis en place pour soutenir le développement et l’expansion du secteur agricole en aidant les producteurs et les entrepreneurs noirs à développer, étendre, acquérir et intégrer des activités dans les chaînes de valeur prioritaires. Ce dernier vise également à accélérer la redistribution des terres et à accroître les exportations.

Au cours de la période 2020-21, les droits d’importation sur le blé et le sucre ont respectivement été ajustés à quatre et deux reprises, pour atteindre un niveau inférieur de 55 % à ce qu'il était en 2019-20 pour le blé, et de 17.5 % pour le sucre.

L'Afrique du Sud s’est engagée à réduire de 12 % à 32 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) à l’échelle de son économie d’ici à 2030, comme indiqué dans sa contribution prévue déterminée au niveau nationale (CPDN), mise à jour en septembre 2021. Cette CDPN ne fixe pas d’objectifs par secteur, et ne comporte pas non plus d’engagements relatifs à la neutralité carbone. Si elle est adoptée, la loi relative au changement climatique, dont le projet a été approuvé en septembre 2021 par le Conseil des ministres, encadrera l’action menée dans le domaine du changement climatique pour atteindre zéro émissions nettes d’ici à 2050. Le texte fixera des objectifs d’émissions pour chaque secteur de l’économie, dont l’agriculture.

  • La loi sur la taxe carbone fait partie intégrante de la politique gouvernementale sur le changement climatique, mais la première phase d’application du texte (2019-22) ne concerne pas les émissions agricoles. Les dispositions prises dans le cadre de cette première phase ne touchent qu’indirectement l’agriculture, par l’intermédiaire d’une hausse du coût des intrants, en particulier le carburant, l’énergie et les intrants à fort contenu énergétique, comme les engrais, bien que la réduction de la taxe sur les combustibles atténue les incitations à abaisser la consommation d’énergie issue de combustibles fossiles. Lorsque la taxe carbone entrera dans sa prochaine phase d’application, après 2022, les pouvoirs publics pourraient élargir sa portée aux émissions agricoles tout en mettant en place un filet de protection sociale pour compenser les hausses de prix de l’alimentation et les pertes de revenus dont pourraient pâtir les ménages pauvres et les producteurs. A défaut, ils pourraient créer un mécanisme de compensation permettant au secteur agricole de vendre des crédits de réduction des émissions aux secteurs taxés, de manière à éviter des coûts supplémentaires aux agriculteurs et aux consommateurs. En outre, un objectif d’émissions devrait être fixé pour l’agriculture en vertu de la loi sur le changement climatique, lorsque cette dernière sera adoptée.

  • Après avoir profondément réformé sa politique au milieu des années 90, l’Afrique du Sud a réussi à ouvrir ses marchés agricoles en supprimant le SPM pour la plupart des produits. Les pouvoirs publics devraient envisager d’abaisser les droits à l’importation du sucre, dont le SPM demeure élevé, à mesure que progresse la mise en œuvre du Plan directeur de la chaîne de valeur de l’industrie sucrière (2020), qui vise à stabiliser et à restructurer le secteur pour le rendre plus résilient et inclusif.

  • Depuis les réformes des années 90, les hausses successives des dépenses budgétaires ont servi à financer le processus de réforme foncière et à en soutenir les bénéficiaires (qui sont, pour l’essentiel, de petits exploitants et de nouvelles exploitations commerciales). Les sommes dégagées financent principalement les services d’intérêt général utiles au secteur via la recherche-développement (R-D), les transferts de connaissances et les infrastructures. Il reste difficile de financer en temps voulu des projets économiquement viables et de coordonner et cibler des programmes de soutien adaptés aux besoins des nouveaux agriculteurs.

  • Il est essentiel d’impliquer davantage d’exploitants expérimentés et volontaires dans l’élaboration de programmes de soutien pour renforcer les capacités de nouveaux entrepreneurs désireux de démarrer leur activité dans le secteur de l’agriculture commerciale. Les partenariats public-privé et les associations professionnelles peuvent contribuer à y parvenir. Cette démarche pourrait remédier aux faiblesses des programmes et services publics. Les expropriations d’exploitations sans compensation demeurent un sujet de préoccupation. Bien que la Constitution n’ait pas pu être modifiée dans ce sens, les incertitudes qui entourent les droits de propriété demeurent intactes et pourraient nuire à la confiance des investisseurs dans ce secteur.

  • La réforme foncière devrait être menée au rythme de la mise en place d'un environnement favorable pour ses bénéficiaires, notamment en termes d’enseignement, d’infrastructures et d’accès à des équipements agricoles modernes, aux financements et aux marchés. À ce titre, il conviendra tout particulièrement d’améliorer les compétences des agents de vulgarisation agricole et de leur donner les moyens de venir en aide aux communautés rurales et aux nouveaux producteurs commerciaux. Le secteur privé ainsi que les instituts d’enseignement et de formation pourraient être mis davantage à profit pour accélérer la revitalisation des services de vulgarisation. Dans le cas contraire, la redistribution des terres ne pourra pas produire les résultats escomptés, tels que l’amélioration des conditions de vie de la population noire vivant dans les zones rurales, le renforcement de la sécurité alimentaire en milieu rural et le développement d’un secteur commercial pérenne.

  • Très faibles (et même négatif en ce qui concerne l’azote), les bilans des éléments nutritifs en Afrique du Sud suscitent des interrogations quant à la fertilité des sols dans certaines régions du pays. Les pouvoirs publics devraient s’attacher à améliorer la fertilité des sols grâce aux pratiques agricoles en faveur de la conservation des sols et en facilitant l’accès aux engrais dans les situations pertinentes.

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