Chapitre 3. Promouvoir une reprise verte du tourisme

Plus que la plupart des autres secteurs, le tourisme entretient une relation complexe avec l’environnement, en ce sens que le secteur est tributaire de la qualité de l’environnement alors même qu’il a une incidence sur elle. Des avancées considérables ont été réalisées ces dernières décennies pour mieux comprendre les conséquences du tourisme sur l’environnement naturel et les sociétés d’accueil, et prendre davantage en compte la notion de durabilité dans les politiques touristiques. L’adaptation aux nouvelles évolutions, dont le changement climatique, doit être abordée parallèlement aux actions visant à atténuer et réduire les répercussions négatives du tourisme sur l’environnement, tout en œuvrant au bien-être des populations. Des efforts supplémentaires devront cependant être consentis, avec un sentiment d’urgence encore plus prononcé, pour accélérer la transition vers une économie du tourisme plus verte, traduire les engagements pris en actions concrètes et en résultats tangibles, et intégrer les objectifs environnementaux dans les politiques du tourisme.

La pandémie de COVID-19 a favorisé une plus grande prise de conscience de ces enjeux, créant par là même une plus forte incitation à s’y atteler et une occasion de le faire dans l’ensemble de l’écosystème du tourisme. Cette rupture offre des possibilités considérables de réimaginer le secteur du tourisme, de stimuler l’adoption de modèles de développement touristique plus verts et plus durables par la mise en œuvre de politiques novatrices, et de faire en sorte que les plans de relance s’inscrivent dans le prolongement de l’Accord de Paris et des objectifs de développement durable (ODD). L’invasion de l’Ukraine par la Russie a renforcé les tensions sur les prix, ce qui pourrait imprimer un nouvel élan pour accélérer la transition vers la neutralité carbone et inciter les économies à mettre la sécurité énergétique en tête de leurs priorités et les entreprises à s’orienter vers des pratiques plus économes en ressources.

Les chances d’intégrer des mesures vertes dans les plans de relance du tourisme et de garantir que la transition verte ne sera pas reléguée au second plan dans le contexte d’un redressement du tourisme tiré par la demande s’amenuisent toutefois rapidement. Il est donc urgent d’agir face aux menaces que le changement climatique fait peser sur notre existence même, d’œuvrer à une réduction des émissions de CO2 et de la pollution, de renforcer l’efficience énergétique et l’efficacité de l’utilisation des ressources, et d’empêcher que les activités touristiques n’entraînent une perte de biodiversité et la disparition d’écosystèmes. Pour cela, il conviendra de mettre en œuvre des politiques du tourisme actives et des mesures de relance efficaces, capables de faire avancer la transition vers des chaînes de valeur et des modèles économiques du tourisme plus verts, mais aussi d’améliorer les résultats environnementaux des destinations tout en procurant des avantages aux communautés et aux économies locales. Les domaines qui devraient ainsi faire l’objet d’une attention particulière sont les suivants :

  • Décarbonation : promouvoir les schémas de production et de consommation durables en renforçant l’efficience énergétique, en encourageant les modèles d’économie circulaire et en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES) issues du tourisme, et ce, afin d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.

  • Adaptation au changement climatique : renforcer la résilience du tourisme pour se préparer aux aléas climatiques et aux conséquences environnementales et socioéconomiques associées et y faire face efficacement.

  • Restauration des écosystèmes : enrayer et inverser, lorsque cela est encore possible, la perte de biodiversité et la destruction des habitats fragiles, et contribuer activement à l’amélioration de la santé des systèmes écologiques.

  • Inclusivité : améliorer l’égalité et l’autonomisation des individus, des communautés et des cultures conformément aux objectifs de développement durable.

Avant la pandémie, la croissance touristique de ces dernières années était déséquilibrée sur le plan économique, social et environnemental pour de nombreux pays et destinations, le plus souvent sous l’effet d’une augmentation rapide et non planifiée du nombre de visiteurs. Le secteur du tourisme a aujourd’hui la possibilité de tirer parti d’une dynamique plus large pour favoriser la transition vers des modèles économiques plus verts et encourager le verdissement des chaînes de valeur touristiques regroupant un grand nombre de processus et d’acteurs en amont comme en aval. Des mutations profondes devront donc être engagées par les entreprises de toutes tailles et de tous les secteurs de l’écosystème touristique, qu’il s’agisse du passage d’une économie linéaire à une économie circulaire afin de créer un système économique durable par une réduction draconienne de la consommation et du gaspillage de ressources, ou du découplage de l’extraction de ressources naturelles et de l’amélioration du bien-être et de l’activité économique (OCDE, 2021[1]) (PNUE et Banque mondiale, 2021[2]).

Dans un premier temps, le présent chapitre met en avant l’urgence de déployer des actions plus rapides en faveur de la relance verte, puis propose une évaluation de la manière dont les pouvoirs publics peuvent soutenir des destinations et des modèles économiques plus verts. Il aborde ensuite différentes approches stratégiques novatrices, en mettant l’accent sur certains leviers essentiels, ainsi que les mesures qu’il est possible d’adopter pour soutenir les acteurs de la chaîne de valeur du tourisme et les aider à contribuer de façon durable et efficace à la transition verte. En conclusion, ce chapitre attire l’attention sur la nécessité d’intégrer la transition verte dans tous les aspects de la reprise du tourisme et dans les stratégies pour l’avenir (y compris de manière à renforcer la résilience face aux crises successives).

Les dix prochaines années s’avéreront déterminantes aussi bien dans la lutte contre la crise écologique que face aux menaces que le changement climatique fait peser sur notre existence même, car tout retard supplémentaire dans l’adoption de mesures contre le dérèglement climatique ne fera qu’augmenter les risques de bouleversement irréversible des systèmes environnementaux. Une dynamique de verdissement du tourisme s’était déjà engagée avant la pandémie, mais elle connaît aujourd’hui un nouveau souffle étant donné que les pouvoirs publics reconnaissant de plus en plus la nécessité d’agir et de façon urgente.

Assurer la reprise du tourisme tout en redéfinissant le système est une entreprise complexe, freinée par un vaste éventail de facteurs qui mettent à rude épreuve la résilience du secteur, et dont la difficulté est encore accentuée par une capacité d’action relativement restreinte. Les pénuries de main-d’œuvre, associées à une forte demande de rattrapage, se sont traduites par une situation de chaos dans les principales plateformes de transport et pèsent sur la reprise de manière générale dans la mesure où les entreprises peinent à attirer aussi bien des travailleurs qualifiés que non qualifiés. L’invasion de l’Ukraine par la Russie fragilise par ailleurs la stabilité géopolitique et mine la confiance des voyageurs. Elle a également pour effet d’allonger la durée des trajets en avion puisque la trajectoire de certains vols a dû être modifiée. La hausse des prix de l’énergie et la crise du coût de la vie ont également une incidence sur la capacité financière des populations à voyager et sur le coût global de l’activité économique.

Les pays membres de l’OCDE et des économies partenaires ont mis en œuvre des mesures ciblées en soutien aux ménages et aux entreprises. La crise de l’énergie a mis en évidence les synergies qui existent entre la transition verte et la sécurité énergétique, ainsi que la nécessité pour les pouvoirs publics de soutenir les améliorations en faveur de l’efficience énergétique et d’investir dans la capacité des entreprises à adapter leur consommation énergétique et à abandonner les combustibles fossiles (OCDE, 2022[3]). L’association de ces facteurs forme un mélange explosif, tout en accentuant la nécessité d’adopter un modèle touristique plus vert et plus résilient.

Une relance verte réussie passe par une redéfinition des notions de prospérité, de richesse et de succès du tourisme. Le tourisme peut contribuer à cette transition durable, en s’appuyant sur des principes renforcés dans le contexte de la pandémie, et notamment sur une gestion améliorée des volumes et des flux de visiteurs, et sur le souhait des touristes de renouer avec la nature (Encadré 3.1).

Les avancées seront cependant limitées si le secteur du tourisme revient à son fonctionnement antérieur, fondé sur un modèle économique axé sur les volumes plutôt que sur la valeur. Ces avancées dépendront également des changements opérés dans d’autres secteurs ou segments de l’économie, compte tenu du caractère fortement interconnecté de l’économie du tourisme (ex. : transport et agriculture). Alors que le tourisme redémarre et que les pouvoirs publics cherchent à repenser et refaçonner l’économie du tourisme pour la rendre plus verte et plus durable, il est possible de soutenir ces efforts en s’appuyant sur des initiatives visant notamment à réfléchir à une nouvelle approche de l’économie ou à identifier de nouveaux moyens de mesurer le progrès, tel que proposé par l’OCDE dans ses travaux sur les Éléments d’un nouveau discours autour de la croissance (OCDE, 2018[4]).

Les risques climatiques sont un problème majeur, non seulement car le secteur du tourisme contribue de façon importante aux émissions de gaz à effet de serre, mais aussi parce qu’il est exposé aux nombreux effets, souvent cumulés, du changement climatique (Scott et al., 2019). Il est particulièrement difficile d’évaluer avec précision l’empreinte carbone du tourisme, mais d’après les évaluations récentes il représenterait entre 8 % et 11 % des émissions mondiales (WTTC et PNUE, 2021[5]). La température dans le monde a augmenté de 1.1 °C entre 1850 et 1900, et entre 2010 et 2019 (GIEC, 2021[6]). À l’horizon 2030, le réchauffement climatique devrait atteindre 1.5 °C, avec de multiples conséquences pour les destinations de tourisme. Les graves inondations comme celles qu’ont connues l’Allemagne et la Belgique, ou encore les feux de forêt qui ont menacé les touristes et les populations locales ces dernières années en Australie, aux États-Unis, en France, en Grèce et au Portugal en sont des exemples notables. Les vagues de chaleur de 2022 dans l’hémisphère nord rappellent également à quel point les conditions climatiques ont changé.

Les politiques du tourisme visant à lutter contre les émissions de gaz à effet de serre (politiques d’atténuation) et à se préparer au changement climatique (politiques d’adaptation) restent limitées, et l’intégration des politiques liées au tourisme et au changement climatique doit également être renforcée. Des politiques efficaces font également défaut dans le domaine des transports, l’un des principaux maillons de la chaîne de valeur du tourisme et l’un des principaux secteurs émetteurs de CO2. L’analyse réalisée conjointement par l’Organisation mondiale du tourisme des Nations unies et le Forum international des transports (FIT) a mis en évidence que les émissions de CO2 imputables au secteur du tourisme ont augmenté d’au moins 60 % sur la période 2005-16 (sachant que les émissions liées au transport touristique représentaient 5 % des émissions mondiales en 2016) et qu’elles pourraient encore augmenter d’au moins 25 % d’ici à 2030 (OMC et FIT, 2019[7]). D’après le FIT, les politiques de décarbonation actuelles restent insuffisantes pour engager le transport aérien de voyageurs sur la voie de la durabilité (FIT, 2021[8]). Dans ce contexte, il convient de saluer l’objectif ambitieux défini récemment par le Groupe d’action du transport aérien de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) de parvenir à la neutralité des émissions de carbone à l’horizon 2050, et ce, par la transition énergétique, l’innovation et une accélération des mesures d’efficacité énergétique sur l’ensemble du secteur aéronautique et en partenariat avec les pouvoirs publics.

Les acteurs du tourisme s’accordent de plus en plus sur la nécessité de lutter de manière urgente contre les risques climatiques et d’accélérer les efforts. Les signataires de la Déclaration de Glasgow sur l’action climatique dans le tourisme adoptée lors de la COP26 de 2021 se sont engagés à agir pour réduire leurs émissions de 50 % d’ici à 2030 et parvenir à la neutralité carbone dès que possible avant 2050. En 2021, le Conseil mondial du tourisme et des voyages (World Travel and Tourism Council, WTTC) a établi, en collaboration avec le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), une feuille de route vers la neutralité carbone des entreprises du secteur des voyages et du tourisme, et la coalition Clean Skies for Tomorrow du Forum économique mondial a adopté comme objectif de couvrir 10 % des besoins énergétiques mondiaux du secteur aéronautique avec du carburant d’aviation durable d’ici à 2030.

Les initiatives comme le programme de tourisme durable du réseau One Planet et le Cadre décennal de programmation concernant les modes de consommation et de production durables contribuent également à faire avancer cet important programme d’action. Sous la présidence italienne du G20 en 2021, les dirigeants du G20 ont entériné les Lignes directrices de Rome pour l’avenir du tourisme, établissant la transformation verte comme l’un des sept domaines d’action pour repenser et remodeler le secteur du tourisme (OCDE, 2021[9]). Lié au Pacte vert pour l’Europe, le Parcours de transition pour le tourisme de la Commission européenne comporte un volet consacré à la transition vers des modèles économiques plus verts, y compris par la promotion de la mobilité durable et de la circularité intégrée des services touristiques (Commission européenne, 2022[10]).

Les liens entre le changement climatique et la dégradation des écosystèmes sont largement reconnus. Le changement climatique a entraîné ou accéléré la disparition irréversible d’espèces dans l’ensemble des écosystèmes naturels (terrestres, maritimes et en eau douce). Il porte également atteinte au maintien de la structure et des fonctions des écosystèmes et nuit à leur résilience. On estime ainsi qu’environ 1 million d’espèces sont aujourd’hui menacées d’extinction, et que 75 % des milieux terrestres et 66 % des milieux marins sont « fortement affectés » par les activités humaines (IPBES, 2019[11])). La Décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes (2021-30) a pour objectif de prévenir, endiguer et inverser la dégradation des écosystèmes à travers le monde. Restaurer la santé des écosystèmes est une condition essentielle au rétablissement de la « santé planétaire », une nouvelle notion établissant une corrélation entre la santé des individus et des populations et la santé des écosystèmes (GIEC, 2022[12]).

À l’instar de nombreux autres secteurs, le tourisme contribue de différentes manières au déclin écologique, alors que la biodiversité et les paysages naturels sont de véritables atouts et moteurs de développement pour le tourisme. L’un des principaux défis à relever reste la pollution par les plastiques, tel que reflété par l’accord adopté pour l’élaboration d’un traité international sur la pollution plastique. La production mondiale de plastique a connu une envolée considérable, passant de 234 millions de tonnes en 2000 à 460 millions de tonnes en 2019 (OCDE, 2022[13]). Bien que la baisse de l’activité économique provoquée par la crise du COVID-19 ait temporairement freiné cette hausse, certains segments du secteur des plastiques ont enregistré une croissance notable, comme celui des équipements de protection individuelle. La pollution par les plastiques représente des risques considérables pour les acteurs du tourisme, en particulier ceux dont la survie économique dépend de l’intégrité des écosystèmes terrestres et marins.

La lutte contre les incidences négatives de l’exploitation des ressources par le secteur du tourisme nécessite un basculement vers un mode d’économie circulaire, par lequel les activités économiques permettent une régénération du capital humain et environnemental (PNUE et Banque mondiale, 2021[2]). Ceci passe par le recensement, la promotion et le financement de procédés durables axés sur les principes de réduction, de réutilisation, de réparation, de rénovation, de recyclage et de reconversion (interentreprises). Ces modifications peuvent contribuer à diminuer les déchets, à réduire les émissions et à endiguer les pertes économiques dans le secteur du tourisme tout en créant de nouvelles possibilités commerciales et en encourageant la mise en place de chaînes d’approvisionnement locales plus courtes. Le tourisme étant un secteur de services, il existe de nombreuses façons de dissocier activités économiques et conséquences pour l’environnement, notamment par le développement d’activités à faible consommation (ex. : les excursions guidées à pied).

Le développement de la résilience au changement climatique réunit à la fois les pouvoirs publics, la société civile et le secteur privé dans un effort de gouvernance multidimensionnelle fondée sur la réduction des risques, l’équité et la justice (GIEC, 2022[12]). La transition vers un tourisme vert nécessite de repenser les mécanismes de gouvernance et la collaboration sur l’ensemble de la chaîne de valeur du tourisme. La gouvernance multipartite dans le secteur du tourisme a continué de se renforcer tout au long de la pandémie, y compris par le biais de cadres et d’accords mondiaux multilatéraux proposant des orientations pour l’élaboration des politiques nationales. Les dispositifs de gouvernance en réseau permettent d’établir un lien entre les opportunités nationales et le contexte local, et contribuent à optimiser la prise de décisions. En soutenant les réseaux développés pendant la pandémie et en renforçant l’intégration des systèmes de gouvernance, il est possible d’augmenter la capacité du secteur du tourisme à opérer sa transition verte, dans la mesure où les parties prenantes de tout niveau sont activement impliquées dans le processus d’élaboration des politiques. Les approches participatives permettant une contribution de l’ensemble des acteurs ayant intérêt à assurer des résultats durables dans une destination spécifique peuvent augmenter les chances de réussite sur le long terme.

Une sensibilisation accrue des consommateurs peut également contribuer à l’efficacité des mesures mises en place par le secteur public et par le secteur privé en faveur d’un modèle de tourisme durable. Une enquête récente d’Eurobarometer relative à l’attitude des Européens vis-à-vis du tourisme a mis en évidence que 82 % d’entre eux déclarent souhaiter soutenir un tourisme plus durable, par exemple consommant des produits locaux (55 %), en choisissant un mode de transport respectueux de l’environnement (36 %) ou en payant davantage pour protéger la nature (35 %) ou dans l’intérêt des communautés locales (33 %) (Commission européenne, 2021[14]). Ces observations sont confirmées par les enquêtes réalisées par Booking.com et Skyscanner en 2021, et par l’essor du mouvement « flight shaming » (« honte de prendre l’avion ») qui témoigne d’une évolution de l’opinion des consommateurs.

Une certaine dynamique s’est engagée dans le secteur en faveur d’une transition vers un tourisme vert. Pour traduire cette dynamique en actions concrètes et efficaces, les décideurs doivent cependant relever différents défis systémiques particulièrement complexes :

  • Contraintes financières : compte tenu des budgets serrés, la transition doit être à la fois efficace par rapport à son coût et créatrice de valeur.

  • Pénuries de main-d’œuvre et déficits de compétences : la persistance des pénuries de main-d’œuvre et des déficits de connaissances ou de compétences, y compris dans le cadre de la fourniture de services verts, pourrait ralentir la reprise du tourisme.

  • Actifs et infrastructures peu efficients : un tourisme vert et durable doit pouvoir s’appuyer sur de nouvelles infrastructures plus efficientes (ex. : bornes de recharge pour les véhicules électriques, pistes cyclables ou parc immobilier renouvelé).

  • Intégration limitée des politiques touristiques : les domaines critiques de l’action publique, comme le transport, l’environnement, les infrastructures, le développement économique régional ou les services d’urgence, sont déterminants pour parvenir à une transition verte, et le manque d’intégration nuit à la mise en œuvre de stratégies cohérentes pour faciliter le développement du tourisme vert.

Les mesures de soutien sans précédent adoptées en réponse à la pandémie ont été l’occasion d’aider de manière stratégique les segments du système touristique les plus susceptibles de contribuer à la transition verte. Les analyses montrent néanmoins que seulement un tiers de ces dispositifs d’aide et plans de relance étaient considérés comme ayant des effets positifs sur l’environnement et favorisaient la durabilité et la transformation (OCDE, 2022[15]). À titre d’exemple, on estime ainsi à seulement 2 % la part des aides au financement allouées au secteur de l’aviation sur la période 2020-21 à avoir un effet positif sur l’environnement. Les pouvoirs publics devraient par conséquent saisir cette occasion pour conditionner l’octroi d’aides à la réalisation d’avancées en matière de lutte contre les défis environnementaux et pour catalyser les conditions favorables à un verdissement renforcé du tourisme.

Les autorités publiques ont un rôle essentiel à jouer pour soutenir les entreprises et les destinations plus respectueuses de l’environnement, et pour veiller à ce que les principes de durabilité soient intégrés de manière étroite dans les plans de relance. Cela passe par l’adoption de mesures visant à intégrer la décarbonation, l’inclusion, la résilience au changement climatique et la restauration des écosystèmes dans des politiques, des programmes et des stratégies tournées vers l’avenir qui sont également conformes à l’Accord de Paris et aux ODD. Il convient ainsi de disposer d’une vision stratégique sur l’ensemble du système touristique et de créer les conditions-cadres favorables au niveau national, de manière à guider efficacement l’élaboration des politiques et la prise de décisions.

La mise en œuvre d’actions cohérentes et coordonnées entre les différentes sphères de l’action publique s’avère essentielle pour faire avancer les objectifs communs, maximiser les résultats positifs en matière de tourisme et les mesures plus générales de verdissement, et éviter les conséquences indésirables. Les pouvoirs publics, à tous les échelons, ont également un rôle important à jouer pour faciliter la collaboration entre les acteurs clés, et les administrations régionales et locales œuvrent de plus en plus activement à la réalisation de cet objectif. La réussite de tels changements systémiques dépend de l’implication de l’ensemble des acteurs concernés. En Irlande par exemple, le groupe de travail sur le tourisme durable s’est fixé pour principe directeur de favoriser une étroite collaboration entre l’ensemble des services de l’administration et les acteurs du secteur pour faire du tourisme un secteur durable (Encadré 3.2).

Les entreprises sont en première ligne de la transition verte, et les nombreuses petites et moyennes entreprises (PME) qui créent des expériences pour établir un lien entre les visiteurs et leurs destinations ont un rôle particulièrement important à jouer. Une consultation bien plus importante des PME est ainsi nécessaire pour atteindre les objectifs de développement durable et de réduction des émissions de CO2, dans la mesure où elles représentent en moyenne environ 85 % des entreprises du secteur du tourisme dans les pays de l’OCDE. Il convient pour cela de mettre en place des aides financières ciblées, ainsi que des mesures à l’appui du renforcement des capacités, de manière à encourager l’innovation et les nouvelles possibilités commerciales en matière de durabilité (OCDE, 2021[1]).

Les arguments qui militent en faveur de mesures de durabilité n’ont jamais été plus forts pour les entreprises, et la possibilité de capitaliser sur une évolution sociétale plus générale vers des modes de consommation durables n’a jamais été aussi attractive. L’augmentation rapide des coûts d’exploitation pèse sur un grand nombre d’entreprises du tourisme, mais suscite également un intérêt considérable pour les économies d’énergie et les programmes de gestion des ressources, et encourage fortement les entreprises à envisager des investissements dans l’efficience énergétique et à opérer les changements nécessaires pour préserver leurs ressources. La sensibilisation croissante des clients à ces problématiques et la multiplication des possibilités pour les entreprises de verdir leur image de marque contribuent à favoriser de telles évolutions.

Les décideurs et les entreprises des lieux de destination sont souvent confrontés à des difficultés du même ordre, mais peuvent unir leurs forces pour tirer le meilleur parti possible des possibilités qui s’offrent à eux. Les autorités publiques peuvent quant à elles contribuer à la transition des entreprises et des destinations en limitant les obstacles (en termes d’information ou de ressources, par exemple), et ce, en favorisant la sensibilisation aux évolutions législatives et technologiques (solutions fondées sur les énergies renouvelables, compteurs intelligents, solutions zéro déchet, etc.), en assurant un meilleur accès aux compétences (planification à long terme, compétences numériques, compétences techniques de réparation et de reconversion, etc.) et en proposant les financements nécessaires pour mener à bien des actions en faveur de l’environnement (OCDE, 2021[1]).

Les travaux de l’OCDE consacrés aux PME montrent que la part des dépenses en faveur de l’écologie à destination des PME reste généralement faible, puisqu’elle représente seulement 2.9 % des plans de relance verte (OCDE, 2022[16]). Des mesures supplémentaires devront ainsi être mises en œuvre pour faire en sorte que les PME puissent financer les actions nécessaires pour réduire leur empreinte carbone et contribuer à la réalisation des objectifs de durabilité. Les pays cherchent à mettre en œuvre des mesures de soutien aussi bien financier (prêts, subventions ou réductions d’impôt, par exemple) que non financier (conseils, outils, etc.) à destination des entreprises. Pour en tirer le meilleur parti, les PME du secteur du tourisme doivent pouvoir accéder facilement à ces dispositifs. Les entreprises assurant différents types de services touristiques (professionnels, événementiels ou de villégiature) dans différentes destinations (montagne, plage, ville, etc.), ainsi que différents types d’expériences touristiques, ont des profils et des besoins spécifiques. Un certain niveau de flexibilité et d’adaptabilité peut dont être nécessaire pour garantir que les mesures de soutien sont adaptées à l’ensemble des entreprises de l’écosystème touristique. En Afrique du Sud par exemple, le programme d’incitation en faveur du tourisme vert (Green Tourism Incentive Programme) a pour objectif d’encourager et de soutenir les entreprises du secteur à adopter des pratiques commerciales plus durables (Encadré 3.3).

La réduction de l’intensité en carbone contribue de façon significative à l’objectif plus large de transition vers un tourisme vert. La baisse de la consommation d’énergie, plus particulièrement, a souvent des répercussions sur les gains d’efficience dans l’utilisation d’autres ressources (notamment en rapport avec l’articulation énergie-eau) et sur la dématérialisation des produits. Par ailleurs, les entreprises qui investissent dans des technologies, des procédés ou des marchés adaptés au passage du temps ont tendance à enregistrer de meilleurs résultats commerciaux, un niveau plus élevé de conservation du personnel, une fidélisation supérieure de leurs clients et un soutien plus important des populations locales (Whelan et Fink, 2016[17]).

Pour inciter à l’action et identifier de nouvelles solutions, il est important de favoriser le développement d’une culture du carbone sur l’ensemble de l’écosystème touristique et auprès de tous les acteurs du secteur. Renforcer la culture du carbone permet de mieux sensibiliser au changement climatique et a un impact direct sur les pratiques et comportements au quotidien. Cette culture peut être améliorée dans le cycle formel d’enseignement et de formation, ou par le biais de ressources en ligne, de réseaux ou de pôles d’entreprises ou encore d’outils et de programmes de sensibilisation à destination des décideurs du secteur du tourisme, comme les cadres et modèles d’aide à la prise de décision. Grâce à une meilleure compréhension du profil d’émissions de GES du tourisme, les autorités sont plus à même de déterminer où et comment investir dans l’innovation pour optimiser leurs efforts de décarbonation.

L’approche consistant à aider les entreprises et les destinations à mesurer leur empreinte carbone et leur impact sur l’environnement au sens large (en matière de consommation d’eau, par exemple) peut contribuer à une certaine prise de conscience. L’accès à des données concrètes sur les émissions de carbone imputables aux différents segments du marché ou activités touristiques permet aux entreprises de concevoir des offres sobres en carbone et d’investir efficacement dans la gestion de l’énergie (Encadré 3.4). Ces mesures aident également les organismes de gestion des destinations à développer des stratégies sobres en carbone et à attirer une clientèle de choix. L’évaluation de l’empreinte carbone des touristes est complétée par les initiatives du secteur privé visant à informer les voyageurs des émissions de CO2 générées par les différents modes de transport et à leur permettre de faire des choix plus durables (ex. : Skyscanner, Google ou Bookdifferent.com).

Le calcul de l’empreinte carbone par destination n’est en qu’à ses tout premiers stades, mais il peut s’appuyer sur les initiatives de réduction des émissions de GES et constitue une opportunité pour les organismes locaux/urbains et nationaux de mieux intégrer leurs politiques. Différents exemples de mesures spécifiques aux destinations sont présentés ci-après(Encadré 3.5).

La Norvège a ainsi développé un outil de planification stratégique pour mesurer les émissions et promouvoir un tourisme respectueux du climat. Le calculateur CO2rism (jeu de mots basé sur la prononciation anglaise de CO2 et tourism) est un outil capable d’évaluer le volume d’émissions générées par le transport des voyageurs à destination de la Norvège et pendant leur séjour dans le pays (Encadré 3.6). Sur le même principe, le site Visit Finland œuvre actuellement à proposer des recommandations de trajets durables, ainsi qu’un moteur numérique de planification de voyage à destination des visiteurs responsables.

Les instruments politiques, comme les taxes carbone, les normes d’émission applicables aux véhicules, les normes de construction ou encore les obligations d’incorporation d’une certaine proportion de biocarburants dans les carburants, jouent souvent un rôle dans les stratégies économiques plus générales de décarbonation, y compris dans le secteur du tourisme. Les réglementations spécifiques au secteur du tourisme sont plus rares, dans la mesure où les autorités publiques privilégient les dispositifs de soutien et d’incitation pour parvenir à un modèle de production plus vert pour le secteur. En Allemagne par exemple, le programme ClimaHost vise à soutenir les établissements d’hébergement qui ont mis en place des mesures d’action novatrices en faveur du climat et qui contribuent à la durabilité du tourisme dans les Alpes.

La pandémie de COVID-19 a encouragé les pays à repenser la manière dont ils pouvaient améliorer et encourager l’adoption de programmes de durabilité par les destinations et les entreprises du tourisme. La priorité devrait être donnée à l’évaluation des effets des programmes existants, mais aussi à leur consolidation dans la mesure où l’existence de plusieurs programmes est susceptible de prêter à confusion ou de nuire à l’objectif des initiatives ciblant les touristes et les entreprises.

Le secteur privé assume également un rôle plus proactif en mettant en œuvre des initiatives ou en proposant des moyens d’action encourageant la transition verte (nouveaux systèmes d’attribution de labels, par exemple). Une analyse réalisée par TUI, et validée par le PNUE, montre que les hôtels disposant de certifications en matière de durabilité sont parvenus à réduire leurs émissions de CO2 de 10 % et le volume de déchets par nuitée de 24 %, mais aussi à augmenter leur consommation d’énergie verte de 23 %. Par rapport aux établissements non certifiés, ces mêmes hôtels ont également enregistré un niveau de satisfaction plus élevé de leurs clients (One Planet, 2021[18]).

La plupart des pays de l’OCDE ont mis en place des normes de qualité ou des programmes de certification verte pour le secteur du tourisme. La participation se fait cependant souvent sur la base du volontariat et l’on peut déplorer l’absence de mesures ou d’objectifs contraignants, y compris à des fins de mesure ou de réduction des émissions de GES. À titre d’exemple, la France a adopté en 2022 un nouveau système de classification des hébergements touristiques s’appuyant sur des normes de durabilité. Dans le cas des hôtels, le nombre de critères de durabilité a été doublé et le nombre de critères obligatoires a été multiplié par quatre. Les nouvelles normes couvrent notamment la gestion des déchets, la consommation d’eau et d’énergie, l’intégration aux chaînes d’approvisionnement locales et l’utilisation de produits écologiques, biologiques et issus du commerce équitable. Il est important de souligner que l’un des critères concerne les informations communiquées aux touristes sur les transports sobres en carbone, et notamment sur la manière dont la décarbonation dépend autant des efforts des destinations d’accueil que des touristes.

La mesure et le contrôle des performances des destinations suscitent un intérêt croissant, et l’accent est aujourd’hui davantage mis sur la gestion des destinations plutôt que sur la promotion des destinations. L’Autriche a ainsi créé un nouveau label vert pour les destinations dans le but d’accélérer la transition verte, renforcer les chaînes de valeur régionales et répondre à la demande croissante de vacances durables (Encadré 3.7). Particulièrement exhaustifs, les critères d’octroi de cet écolabel incluent des mesures innovantes, comme l’obligation pour au moins 30 % des produits touristiques mis en avant d’être considérés comme durables, ou la nécessité pour les activités proposées sur les lieux de destination d’être financées à l’aide de produits financiers certifiés verts.

La Norvège a quant à elle élargi et affiné son programme de certification Sustainable Destination, destiné à améliorer la gestion des destinations, et mis en œuvre un nouveau cadre réglementaire pour un tourisme halieutique plus durable. Dans le cadre de sa politique de tourisme durable, le pays a déjà adopté des mesures relatives au balisage d’un nombre croissant de chemins de randonnée nationaux, et ce, de sorte à les rendre plus fiables, accessibles et attrayants pour les visiteurs.

Un alignement des dispositifs d’incitation en faveur de meilleures pratiques avec d’autres programmes non liés au tourisme pourrait s’avérer avantageux. En Colombie, le ministère du Tourisme s’est ainsi inspiré de la stratégie nationale pour une économie circulaire (Estrategia Nacional de Economía Circular) pour organiser un concours pour le financement de projets novateurs d’éco-conception ou de gestion des déchets contribuant à l’établissement de modèles d’économie circulaire dans le secteur du tourisme. Un programme visant à mettre en relation les acteurs de l’économie circulaire dans la chaîne de valeur du tourisme et les fournisseurs associés a été spécialement mis en place pour encourager la participation des PME. La Thaïlande est en train d’adopter une approche analogue en alignant la relance du tourisme sur son plan national d’économie verte bio-circulaire, assurant ainsi un soutien pour les nouvelles approches et les nouveaux produits, dont les initiatives d’agrotourisme et de tourisme communautaire.

Il est important que les entreprises et les destinations portent davantage d’attention aux risques notamment climatiques, et ce, afin de détecter les menaces et d’élaborer les stratégies nécessaires pour y faire face. De nombreuses grandes entreprises ont déjà pour obligation de réaliser une évaluation des risques climatiques et d’en communiquer les résultats à leurs parties prenantes, ce qui peut avoir des répercussions sur le tourisme (Encadré 3.8).

Il est toutefois fréquent que des entreprises de toute taille ne disposent pas des connaissances et des ressources suffisantes pour mener à bien ce type d’évaluations. Les pouvoirs publics ont donc un rôle à jouer dans la simplification du transfert de connaissances et de l’accès aux données (élévation du niveau de la mer, cartes des risques d’inondations, etc.), dans la création d’outils à destination des entreprises (ex. pour le calcul des répercussions financières des risques climatiques) et dans la mise en œuvre de mesures préventives. Au Mexique, le projet ADAPTUR a pour objectif d’accompagner le secteur du tourisme dans son adaptation au changement climatique et de renforcer, d’une part, la capacité des entreprises à mettre en œuvre des actions concrètes (comme les évaluations des risques économiques dans le secteur hôtelier ou les projets immobiliers) et, d’autre part, la participation du secteur du tourisme dans la restauration et la protection des mangroves et des récifs coralliens.

Plusieurs destinations investissent actuellement de manière proactive dans l’adaptation au changement climatique. En Islande, le programme Varða (Sites of Merit) a pour objectif d’intégrer l’adaptation au changement climatique dans le cadre plus général de la gestion des destinations pour plusieurs sites touristiques particulièrement prisés. L’Australie investit quant à elle dans la résilience des récifs coralliens non seulement par le biais d’un programme d’adaptation et de restauration (Reef Restoration and Adaptation Program) de 150 millions AUD, lequel examine les nouvelles initiatives contribuant à l’adaptation des récifs coralliens au changement climatique, mais aussi à travers un plan de gestion des océans (Oceans Leadership Package) de 100 millions AUD. Ce plan a pour objectif d’investir en faveur de la protection des océans, de soutenir les habitats et écosystèmes de carbone bleu, et de contribuer à la baisse des émissions, et ce, par la restauration des mangroves et des marais cotidaux afin d’assurer le stockage du carbone et réduire les émissions de méthane et de protoxyde d’azote.

Les mesures destinées à renforcer la résilience au changement climatique doivent tenir compte de l’ensemble de la chaîne de valeur, sachant que les liens entre le tourisme et les industries primaires (comme l’agriculture et l’exploitation forestière) sont particulièrement importants. Encourager les liens entre tourisme et agriculture, par exemple, peut contribuer à renforcer la résilience de ces deux secteurs. Il a ainsi été reconnu que les produits agricoles et gastronomiques traditionnels locaux présentaient une véritable opportunité. À titre d’exemple, en Hongrie, le programme Hagyományok-Ízek-Régiók (traditions, goûts et régions) protège l’appellation d’origine des produits viticoles et des spécialités culinaires. Au Costa Rica, le moteur de développement du tourisme local (Turismo – Motor de Desarrollo Local, Tu-MoDeLo) créé en 2021 vise à améliorer la vie des communautés agricoles en décelant, pour les chaînes de valeur de l’agriculture durable adaptées au changement climatique, les opportunités commerciales du secteur du tourisme.

Renforcer la résilience des destinations particulièrement exposées aux risques constitue une stratégie importante, notamment lorsque les objectifs politiques ou économiques comme le développement régional dépendent de la bonne santé du secteur du tourisme. En France par exemple, le plan Avenir Montagnes lancé en 2021 vise à promouvoir un tourisme de montagne résilient et durable, et s’articule autour de trois priorités : la diversification de l’offre touristique et des types de clients, l’amélioration des performances écologiques des activités touristiques et la dynamisation de l’immobilier de loisir. Ce plan représente un engagement de plus de 640 millions EUR de crédits publics pour les régions montagneuses, lesquels vont générer 1.8 milliard EUR d’investissement dans ces territoires. Ce point est abordé plus en détail dans le chapitre 2, « Renforcer la résilience de l’écosystème du tourisme ».

La promotion d’une utilisation responsable du capital naturel est un aspect essentiel des modèles de tourisme plus durables. Les pouvoirs publics peuvent soutenir l’équilibre entre le tourisme et la préservation de l’environnement en mettant en œuvre des mécanismes ciblant simultanément les différents maillons de la chaîne de valeur, axés aussi bien sur les entreprises du tourisme, les travailleurs et les infrastructures que sur les actifs naturels (Encadré 3.9). La sensibilisation est un instrument important. À titre d’exemple, l’Initiative mondiale sur les plastiques dans le secteur du tourisme rassemble les entreprises du tourisme, les pouvoirs publics et autres acteurs du secteur autour d’une vision commune afin de prendre des mesures concertées et donner l’exemple en passant à une économie circulaire des plastiques (One Planet, 2022[19]).

Parmi les autres instruments mis en place figurent les initiatives visant à mieux intégrer les considérations environnementales dans les programmes d’enseignement et de formation du tourisme, à introduire des systèmes de gestion des visiteurs, à fermer temporairement les parcs nationaux et les zones protégées, et à déployer des technologies intelligentes afin d’optimiser les flux de visiteurs. La région italienne d’Émilie-Romagne a lancé une plateforme numérique en 2022 destinée à aider les administrations et opérateurs locaux à mieux organiser les activités, éviter la surfréquentation et assurer la qualité et la durabilité des activités culturelles et liées à la nature. Il existe également une tendance consistant à encourager les visiteurs à contribuer à leur échelle à travers des programmes comme l’initiative Trees that Count en Nouvelle-Zélande.

Des incitations financières peuvent également être envisagées. En Colombie par exemple, la politique de tourisme durable Unidos por la Naturaleza (Ensemble pour la nature) récompense l’achat de terrains destinés à des projets en faveur du tourisme et de la préservation de l’environnement par un allègement d’impôt sur le revenu de 25 %.

Les solutions fondées sur la nature constituent un moyen efficace pour aligner les objectifs d’atténuation des catastrophes, de protection de l’environnement et de durabilité du tourisme. La restauration et la protection des zones humides, par exemple, peuvent permettre d’améliorer la qualité de l’eau, de soutenir la biodiversité, de réduire les risques d’inondation, de piéger le carbone et d’offrir de nouvelles possibilités en termes d’écotourisme. Aux États-Unis, la stratégie nationale en faveur du tourisme de 2022 (National Travel Tourism Strategy) considère les solutions fondées sur la nature comme un outil essentiel et s’appuie sur trois piliers axés sur la collaboration, l’investissement et l’information des populations locales et des parties prenantes.

Les défis environnementaux sont étroitement liés aux questions sociales. Pour renforcer l’inclusivité du tourisme, il convient de donner aux populations locales les moyens non seulement de participer aux processus décisionnels en matière de tourisme, mais aussi de guider ces décisions, y compris dans le but de soutenir la transition verte. Les approches participatives et menées par les communautés locales en matière de gestion des destinations et de développement des expériences peuvent contribuer à atteindre ces objectifs tout en s’assurant qu’ils profitent à l’ensemble des acteurs locaux. La promotion des débouchés locaux pour les entreprises contribue également à l’intégration du tourisme dans le tissu local, permettant ainsi une diversification économique grâce à l’entrepreneuriat touristique (y compris dans les zones rurales) dans le cadre de la relance verte.

En 2020 par exemple, le Costa Rica a lancé une initiative visant à identifier les principaux défis associés à une relance verte du tourisme et les solutions appropriées. Sur 195 propositions, 13 projets ont pu être sélectionnés et financés. De la même manière, en Suisse, le programme d’innovation Innotour a été prolongé jusqu’en 2023 pour un total de 30 millions CHF, et un centre de compétences a été établi de sorte à aligner plus efficacement le secteur suisse du tourisme avec les ODD. Au Mexique, le projet FORESSTUR est un exemple de l’utilisation du tourisme comme outil du bien-être social présentant des avantages économiques supplémentaires pour les communautés forestières, et ce, tout en concourant à la préservation et à la santé des écosystèmes. Ce projet est à destination des entreprises sociales, lesquelles peuvent apporter une contribution importante à la croissance économique et inclusive, mais aussi aux populations locales et aux propriétaires fonciers.

L’inclusion et l’autonomisation peuvent être encouragées par un accès renforcé aux connaissances pour les acteurs ne disposant pas des ressources ou capacités suffisantes. Le raccordement à l’Internet joue un rôle facilitateur important à cet égard, notamment dans les zones rurales. Des mesures d’aide spécifiques doivent en outre être prévues pour les groupes vulnérables ou marginalisés, afin de garantir qu’ils ne sont pas affectés de manière négative ou inéquitable par les initiatives de promotion de la transition vers un tourisme vert. Les pouvoirs publics peuvent également contribuer à favoriser l’inclusion par le biais de programmes spécifiquement conçus à destination des femmes, des jeunes, des migrants et des populations autochtones susceptibles de nécessiter un soutien particulier (OCDE, 2020[20] ; OCDE, 2020[21]). Certaines organisations non gouvernementales mettent également en place des plateformes en ligne de formation, de renforcement des capacités et de mise en réseau (OCDE, 2022[22]), comme le portail Meaningful Travel Platform de Tourism Cares.

Les cultures autochtones gardent une place déterminante dans de nombreuses communautés et peuvent jouer un rôle central dans les écosystèmes inclusifs et de tourisme durable. Les savoirs et l’implication des peuples autochtones peuvent également contribuer à la transition verte à travers leurs systèmes de connaissances traditionnels (Ministère néo-zélandais des Entreprises, de l’Innovation et de l’Emploi (MBIE), 2022[23]). En Australie, le programme Camping with Custodians œuvre à la construction de terrains de camping exploités par les communautés locales dans les territoires aborigènes et des indigènes du détroit de Torrès, offrant ainsi aux visiteurs la possibilité de séjourner avec les descendants des premiers habitants de ces terres et découvrir ainsi la culture aborigène. Ce programme garantit la sécurité de l’emploi des communautés autochtones par le versement de fonds d’amorçage et le développement de petites entreprises de tourisme durable résilientes, lesquelles sont par la suite transférées aux descendants des premiers habitants de ces territoires (« traditional owners »). L’Association touristique autochtone du Canada a quant à elle facilité l’adoption du fonds de relance de développement pour les entreprises touristiques en réponse à la pandémie de COVID-19, et ce, afin de soutenir les PME autochtones du secteur du tourisme avec des subventions non remboursables visant à développer ou préserver l’activité des entreprises.

De son côté, la Nouvelle-Zélande a développé une approche axée sur les valeurs en faveur d’un tourisme régénérateur. Une feuille de route pour l’adaptation du tourisme (Tourism Adaptation Roadmap) est actuellement en cours d’élaboration à partir d’initiatives volontaires réunissant les responsables des secteurs public et privé, d’une part, pour examiner l’état des ressources naturelles et, d’autre part, pour s’engager en faveur d’actions prioritaires visant à endiguer et inverser la dégradation des ressources naturelles (Encadré 3.10).

La crise provoquée par la pandémie de COVID-19 a constitué une occasion unique de réfléchir au système touristique et de le remodeler par l’adoption de nouvelles politiques et de nouveaux dispositifs de gouvernance. Bien que les autorités publiques aient intensifié les efforts pour renforcer les capacités en matière de durabilité, encourager l’innovation et mesurer les performances du secteur du tourisme par la mise en place de cadres améliorés d’évaluation d’impact, d’autres efforts devront être déployés pour intégrer ces priorités dans les dispositifs touristiques d’avenir.

Les stratégies nationales en faveur du tourisme jouent un rôle essentiel pour impulser une orientation dans l’ensemble du secteur et optimiser les contributions positives du tourisme pour la prospérité et le bien-être du pays. Ces stratégies sont souvent le reflet de valeurs fondamentales et constituent un cadre général pour l’investissement, pour l’élaboration de politiques plus spécifiques et pour la collaboration des parties prenantes. De nombreux pays développent actuellement des plans de relance et des stratégies en faveur du tourisme permettant d’intégrer des objectifs et des mesures de promotion de la transition verte.

Dans leur nouvelle Stratégie nationale sur les voyages et le tourisme 2022, les États-Unis ont adopté des mesures visant à réduire la contribution du tourisme au changement climatique, et ce, dans un effort plus large de promotion d’une économie du tourisme résiliente et durable, capable de protéger les ressources naturelles, de soutenir l’économie touristique et de garantir un développement équitable. Le Pérou a quant à lui fait de la durabilité la clé de voûte de son plan de relance du secteur du tourisme (Estrategia Nacional de Reactivación del Sector Turismo) pour 2021-23 et la gestion durable des expériences basées sur le patrimoine culturel et naturel du pays s’impose comme un élément central de sa compétitivité. Les mesures prévues incluent l’introduction de réglementations vertes et la simplification des procédures de protection de l’environnement dans le secteur du tourisme, ainsi que le développement d’outils visant à promouvoir l’économie circulaire, encourager le recours aux technologies propres et améliorer la qualité de service. En 2020, la Corée a lancé une stratégie de promotion de la neutralité des émissions de carbone à l’horizon 2050 et réalisé une étude sur les politiques du tourisme afin de faire avancer les objectifs de neutralité carbone.

La réussite de la mise en œuvre des stratégies en faveur du tourisme dépend du soutien financier dont elles bénéficient et de la mobilisation d’autres ressources. En Estonie par exemple, la transformation verte est l’un des principes sous-jacents de la stratégie du tourisme pour 2022-25 et elle bénéficie à ce titre d’un investissement global de 126.3 millions EUR dans la valorisation et la promotion du tourisme. Cela inclut une enveloppe de 21 millions EUR pour le développement de produits et destinations durables, complétée par un financement de 17 millions EUR du programme REACT EU visant à soutenir les entreprises dans la création de solutions numériques et de produits durables à destination du secteur du tourisme (Encadré 3.11). Les stratégies du tourisme axées sur la durabilité, et appuyées par des indicateurs de performance véritablement fiables, peuvent également aider les pays à tirer parti de la finance verte à l’échelle internationale (ex., le Fonds vert pour le climat établi par la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques).

En associant les stratégies du tourisme aux priorités plus larges d’action publique, il est possible de limiter les conflits potentiels entre les politiques et de profiter à la fois des investissements existants et des programmes conçus à plus grande échelle pour le seul secteur du tourisme. Un modèle touristique plus vert doit permettre l’intégration du tourisme dans d’autres secteurs, aussi bien sur le plan politique et économique que social. S’appuyant sur la stratégie de développement durable portée par le gouvernement, l’Égypte a réalisé une analyse des carences du secteur du tourisme qui s’est notamment traduite par le développement de 18 objectifs stratégiques pour une transition verte et numérique conforme aux ODD des Nations unies.

Le tourisme est également souvent affecté par les décisions publiques plus générales ou par la réglementation applicable à d’autres secteurs de l’action publique. Dans le cadre de la réglementation environnementale, les agences de tourisme sont tenues de respecter des règles et des normes généralement élaborées par des organismes sans lien avec le tourisme. Le transport est un autre domaine d’action publique dans lequel les décisions adoptées ont une incidence directe sur le tourisme, à l’instar de la limitation du nombre de vols entrants à l’aéroport de Schiphol récemment annoncée aux Pays-Bas ou de la division par deux du nombre de vols intérieurs envisagée en France. Cela souligne l’importance d’une coopération à l’échelle de l’administration afin de gérer efficacement les évolutions liées à la transition verte.

Les interactions et l’interdépendance entre le tourisme et d’autres chaînes de valeur essentielles font de ce secteur un point de départ stratégique pour accélérer le développement de la durabilité et de la circularité dans l’ensemble de l’économie. Le secteur des boissons et des produits alimentaires, par exemple, est étroitement lié au secteur du tourisme en termes d’approvisionnement et joue un rôle à part entière dans les activités touristiques, puisqu’il compte pour 9 % de l’empreinte carbone mondiale du tourisme et jusqu’à 17 % si l’on inclut le secteur de l’agriculture. Pour renforcer la résilience et la durabilité du secteur du tourisme, il est par conséquent indispensable d’adopter une approche globale et intersectorielle qui tient compte des chaînes de valeur connexes et tire parti des synergies potentielles lors de l’élaboration des mesures d’intervention.

Une gouvernance solide est un vecteur important de la transition vers un tourisme vert, et suppose un haut niveau d’efficience, de transparence, de collaboration et de soutien des parties prenantes (Becken et Loehr, 2022[25]). La promotion d’une gouvernance pluri-niveaux (caractérisée par les aspects à la fois locaux et mondiaux, et publics et privés, de la chaîne de valeur) apparaît particulièrement pertinente pour le secteur du tourisme. Une gouvernance adaptée à des objectifs spécifiques permet d’optimiser la prise de décision et l’affectation des ressources (ex. : financements, connaissances, données ou réseaux).

Des dispositifs de gouvernance adaptés doivent être conçus pour répondre à des objectifs spécifiques. Au Mexique, le « Tlatocan » (conseil supérieur pour la durabilité du tourisme) a rassemblé plus de 130 participants, parmi lesquels des organismes publics, des organisations internationales, des acteurs de la société civile, des représentants des communautés autochtones, des entreprises sociales, des entreprises privées et des universitaires. Ce conseil supérieur a été formé dans le cadre de l’initiative Mexico Renace Sostenible (Renaissance durable du Mexique), laquelle fut développée de manière collaborative afin de tirer parti de la crise provoquée par la pandémie pour transformer en profondeur le secteur du tourisme.

Les partenariats jouent un rôle fondamental dans l’élaboration de mesures de relance post-pandémie destinées à produire, selon des modalités nouvelles, des résultats durables que les agences de tourisme n’auraient pas été en mesure de produire seules (Tableau 3.1). Ces partenariats comptent souvent des organisations non gouvernementales ou des acteurs du secteur privé. En Grèce par exemple, le Rhodes Co-Lab est un laboratoire d’innovation axé sur le tourisme durable et créé conjointement par TUI Group, TUI Care Foundation et l’administration de la région de l’Égée-Méridionale. Le laboratoire travaillera en collaboration avec les acteurs locaux du tourisme et différents partenaires internationaux afin de créer des solutions novatrices pour améliorer la gestion de l’énergie, de l’eau et des déchets, et déployer ces solutions sur l’île de Rhodes. Un groupe de réflexion composé d’experts de plusieurs pays sera également chargé de poursuivre les efforts de transformation du secteur du tourisme vers la durabilité. Au Danemark, un partenariat a été créé pour développer les initiatives du secteur du tourisme contribuant à la réalisation des objectifs nationaux de réduction des émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2030 (Encadré 3.12).

La qualité de la gouvernance suppose une obligation de suivi et d’évaluation, et va de pair avec une amélioration des données sur le tourisme et des mesures d’impact à partir de tout un ensemble d’indicateurs de durabilité. Ces mesures sont essentielles pour établir des valeurs de référence, analyser les progrès dans la réalisation d’objectifs définis et évaluer l’efficacité de mesures d’intervention spécifiques. Ces mesures sont également importantes pour éclairer l’élaboration de politiques et de programmes fondés sur des données probantes visant à encourager la transition verte. Il sera toutefois nécessaire de réaliser des progrès pour mieux mesurer les dimensions économique, environnementale et sociale du tourisme, et concevoir des indicateurs et des outils actualisés et solides pour contrôler, d’une part, l’efficacité des dispositifs adoptés pour le tourisme et, d’autre part, la résilience et la durabilité du développement du tourisme.

En Allemagne, les travaux du Bureau fédéral de l’environnement (Umweltbundesamt) (2021) pour le développement d’un compte satellite sur la durabilité du tourisme ont révélé que l’intensité en carbone du tourisme était plus élevée que la moyenne de l’économie. De la même manière, ces travaux ont également montré que les conditions de travail dans le secteur du tourisme étaient en moyenne moins favorables que dans les autres secteurs du pays. De façon innovante, le compte satellite sur la durabilité du tourisme a pour objectif de mesurer les matières premières nécessaires dans le monde sur l’ensemble de la chaîne de valeur pour la fourniture de produits touristiques à l’échelle nationale, ainsi que les dépenses liées au tourisme dans le cadre des services de protection de l’environnement. Les enseignements issus de ces différentes dimensions de la durabilité permettent d’éclairer la conception des programmes de soutien au tourisme dans les zones prioritaires. La Croatie mène actuellement un projet visant à intégrer le compte satellite de la durabilité du tourisme dans son plan national de reprise et de résilience pour 2021-26. De son côté, Statistique Canada, avec le soutien de Destination Canada, examine les possibilités de diffusion des données relatives aux émissions de GES générées par les activités économiques du pays associées au tourisme.

La mesure systématique des effets du tourisme s’avère essentielle pour définir les objectifs et évaluer régulièrement l’avancement d’engagements à plus long terme, comme la neutralité carbone à l’horizon 2050. En Norvège, la stratégie nationale en faveur du tourisme de 2030 fixe un objectif de réduction de 50 % des émissions de gaz à effet de serre issues du tourisme d’ici à 2030 (par rapport aux niveaux de 2019). Pour contribuer à la réalisation de cet objectif, les émissions annuelles du secteur du transport devront également être réduites de 10 %. La définition d’objectifs est également un aspect important du plan pour un tourisme durable au Portugal et du programme finlandais Sustainable Travel Finland (Encadré 3.13). En 2022, la région belge de Flandre a lancé un nouveau plan pour la durabilité, reposant sur 20 indicateurs destinés à assurer le suivi de la gestion des destinations et des activités commerciales de VisitFlanders jusqu’en 2030.

Le secteur privé est également particulièrement actif sur ces questions. En Islande par exemple, l’association des professionnels du tourisme (Samtök ferðaþjónustunnar) a mis en place un nouveau tableau de bord de la reprise visant à contrôler les performances du secteur par rapport aux objectifs stratégiques définis dans le plan national pour l’avenir du tourisme à l’horizon 2030, et ce, à partir d’indicateurs comme la part des entreprises ayant établi des objectifs chiffrables en matière de durabilité ou l’état des sites touristiques d’intérêt dans les zones protégées. Dans le cadre de sa stratégie nationale d’adaptation au changement climatique, la Grèce développe également des indicateurs pour orienter l’adoption de mesures d’atténuation du changement climatique et d’adaptation à ses effets dans le secteur du tourisme.

Mettant l’accent sur le suivi d’une activité touristique spécifique, le ministère néo-zélandais des Entreprises, de l’Innovation et de l’Emploi a investi 800 000 NZD pour soutenir l’installation d’environ 100 compteurs de visiteurs sur l’ensemble du réseau de pistes cyclables de Ngā Haerenga. Le cyclotourisme est une forme de voyage à faible émission de carbone, considérée comme une activité économique positive dans les régions reculées, notamment car il permet de soutenir tout un éventail de PME du secteur du tourisme. Les données recueillies sont utilisées pour analyser l’expérience des visiteurs, identifier les points à améliorer (ex. : difficultés d’encombrement ou problèmes d’infrastructures) et estimer les retombées économiques des investissements réalisés dans le réseau de pistes cyclables. De son côté, l’Autriche mesure le taux de satisfaction des populations locales vis-à-vis du tourisme dans leurs régions respectives, ainsi que la part des sources d’énergie renouvelables dans la consommation énergétique totale du secteur de l’hôtellerie et de la restauration.

L’Union européenne teste actuellement le « tableau de bord du tourisme de l’UE », un outil en ligne qui agrège les indicateurs du tourisme et en propose une présentation visuelle de manière à contrôler l’avancement de la transition verte et numérique de l’écosystème touristique. L’objectif est d’obtenir à terme un tableau de bord complet au niveau des pays européens, ainsi qu’une sélection d’indicateurs au niveau local et régional en fonction des données disponibles. Le pilier des politiques environnementales inclut notamment les données relatives à l’intensité des émissions du transport aérien, à l’intensité énergétique et en GES du tourisme, à la part de voyages en train, aux eaux de baignade et à la dépendance au tourisme de longue distance. Plusieurs pays œuvrent également au développement du cadre statistique pour mesurer la durabilité du tourisme, tel que proposé par l’Organisation mondiale du tourisme des Nations unies, et ce, afin d’évaluer la durabilité du tourisme à partir d’un système de comptabilité cohérent et compatible avec les cadres statistiques des comptes nationaux.

Axer les programmes de relance économique sur la transition verte des infrastructures et des services est un exemple concret d’approche permettant de réussir l’intégration des politiques en faveur des objectifs économiques et de durabilité. Jusqu’à maintenant, les programmes de relance axés sur le tourisme ont principalement ciblé les aspects économiques. Pour promouvoir la relance verte, il est possible de conditionner les aides à la relance au respect de critères de durabilité, et plus important encore sans doute, à une participation directe à l’avancement des composantes fondamentales de la transition verte (ex. : investissement dans les infrastructures liées à l’énergie renouvelable et à l’économie circulaire). Par ailleurs, en tant qu’acheteur majeur de biens et de services, le secteur public exerce un certain leadership sur les marchés et dans l’élaboration des normes dont les effets ne doivent pas être sous-estimés. Il est par conséquent important de veiller à ce que les infrastructures touristiques financées ou achetées par le secteur public soient conformes aux normes environnementales les plus strictes et contribuent à la fois à l’atténuation du changement climatique et à l’adaptation à ses effets.

La décarbonation des infrastructures de transport touristique est une composante essentielle de la transition verte. Plusieurs pays ont profité de la pandémie pour accélérer l’adoption de véhicules électriques dans le tourisme. L’Islande a ainsi dégagé les fonds nécessaires pour accélérer l’électrification des ports et du parc de véhicules électriques. De la même manière, le Royaume-Uni a annoncé un investissement de 950 millions GBP en 2020 pour agrandir son réseau de bornes de recharge de véhicules électriques. Cette initiative inclut un sous-programme qui pourrait être utilisé par les petits prestataires d’hébergement souhaitant bénéficier de l’installation d’une borne de recharge. Encourager l’agrandissement du réseau de recharge et le développement d’un parc de véhicules électriques également adapté aux trajets touristiques de longue distance est une étape importante vers la sobriété carbone du secteur du tourisme.

La promotion d’un transfert modal en faveur des solutions de transport à propulsion humaine à faible émission est une autre composante importante de la transition vers un tourisme vert. Plusieurs pays investissent actuellement dans les réseaux ferrés, y compris dans le rétablissement des trains de nuit. Le projet d’infrastructures de transport Rail Baltica de l’Union européenne a pour objet d’intégrer les réseaux ferroviaires d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie dans le réseau européen. Les infrastructures de Rail Baltica seront entièrement électrifiées et seront équipées des technologies les plus récentes pour limiter le plus possible les émissions.

Les investissements du secteur public dans les infrastructures ferroviaires peuvent également servir les initiatives du secteur privé, comme dans le cas des trains de nuit GreenCityTrip qui relient aujourd’hui les Pays-Bas à 15 villes de destination en Europe. En Allemagne, le secteur de l’aviation et les chemins de fer nationaux ont uni leurs forces pour remplacer les vols intérieurs de courte durée par des liaisons ferroviaires dans le cadre d’un nouveau plan d’action commun. Au Maroc, l’office national du tourisme et l’office national des chemins de fer ont signé un accord de partenariat en 2021 pour le développement et la commercialisation de solutions de mobilité durable attrayantes, et ce, afin de stimuler les flux de touristes nationaux.

Certains nouveaux produits touristiques reposent sur l’association de l’entrepreneuriat privé et des investissements publics dans les infrastructures. Les chemins de randonnée et les pistes cyclables en sont un excellent exemple, puisqu’ils permettent aux entreprises de proposer différents types d’excursions de base et de les compléter par des activités à valeur ajoutée, par exemple en associant la production alimentaire locale ou en intégrant d’autres expériences culturelles. En Türkiye par exemple, le ministère de la Culture et du Tourisme a développé, en partenariat avec l’agence turque de promotion et de développement du tourisme, une plateforme en ligne répertoriant les itinéraires cyclables du pays, encourageant une meilleure répartition régionale du tourisme et les formes plus « lentes » de tourisme. Le ministère a également prévu un Certificat d’installations d’hébergement adaptées aux vélos qui peut être octroyé aux installations remplissant les conditions définies.

L’investissement de la Slovénie en faveur de la gastronomie durable constitue un autre exemple du verdissement de l’offre touristique. L’itinéraire cyclable Slovenia Green Gourmet Route et le label Slovenia Green Cuisine destiné aux restaurants sont deux applications innovantes du plan vert pour le tourisme slovène (Zelena shema slovenskega turizma), lequel établit pour chaque site unique (en termes d’environnement, de culture ou de gastronomie) une expérience différente pour les visiteurs.

En Grèce, la nouvelle loi d’incitation à l’investissement soutient l’investissement vert en mettant l’accent sur les technologies qui contribuent à la protection de l’environnement et à la modernisation énergétique des hébergements touristiques, et ce, en définissant un simple cadre permettant aux entreprises de planifier, développer et mettre en œuvre leurs initiatives. Les investissements touristiques liés à la promotion de formes particulières de tourisme, compte tenu des caractéristiques géographiques, sociales et culturelles des différentes régions du pays, sont largement encouragés.

Tirer parti de l’évolution du comportement des consommateurs et renforcer les actions positives peut permettre de faciliter la transition verte. Certains pays ont investi de manière proactive dans des campagnes de promotion incitant à un basculement vers des segments de marché et des comportements plus durables. Le programme « Swisstainable » déployé en Suisse a par exemple pour ambition d’impulser un mouvement efficace en faveur d’une modification plus générale des pratiques touristiques, et ce, en association avec le secteur suisse du tourisme. Au Japon, l’office national du tourisme intègre certains aspects du principe de « voyage responsable » dans ses campagnes de promotion et œuvre à une meilleure répartition régionale du tourisme, au développement d’activités liées à la nature et à une sensibilisation accrue aux questions environnementales.

Plusieurs pays connaissent une évolution importante dans leur positionnement et font même preuve d’un certain niveau d’innovation en articulant leur message autour de la durabilité et de la préservation de l’avenir. Il s’agit là d’une réponse aux changements observés dans le contexte de la pandémie, puisque les touristes se sont mis à chercher des expériences liées à la nature et des formes de voyage plus durables (et plus sûres). Le site VisitPortugal, par exemple, a lancé une campagne de promotion du tourisme intitulée Can’t Skip Tomorrow, avec comme slogan « Demain, c’est aujourd’hui. Pour une meilleure planète, un meilleur tourisme. Voyager mieux. ». De la même manière, le site VisitScotland assure la promotion du tourisme avec le slogan « Scotland: yours to enjoy. Responsibly. » (L’Écosse : à vous d’en profiter, de façon responsable.), également accompagné de la formule « Let’s keep Scotland special now and for generations to come. » (Protégeons le charme de l’Écosse, aujourd’hui et pour les générations à venir). Les îles Féroé ont franchi un cap supplémentaire en encourageant les touristes à « payer leur dû » et accepte les visiteurs (à certaines périodes de l’année) souhaitant renouer activement avec la nature et contribuer à sa protection. « Closed for maintenance, open for voluntourism » (Fermées pour maintenance, ouvertes au volontourisme) est le principe et slogan de cette campagne.

Les autorités publiques et les entreprises prennent de plus en plus conscience des avantages d’une meilleure compréhension des motivations, des convictions et des comportements des touristes. La promotion de comportements verts fondée sur l’analyse de données comportementales constitue en outre une approche relativement prometteuse (Encadré 3.14).

Pour susciter une évolution du comportement des touristes, les pays développent également des pactes et des codes de conduite à l’intention des visiteurs. Le « Serment islandais » encourage les voyageurs à jouer un rôle plus actif dans la gestion de leur impact sur la nature (et pour leur sécurité). Il permet ainsi d’établir des normes et des attentes spécifiques, et devrait permettre de renforcer la sensibilisation des visiteurs aux questions environnementales. Pour être efficaces, ces engagements doivent être accompagnés de règles et de réglementations, à l’instar de celles appliquées à Rome pour éviter les déchets sauvages ou l’escalade de monuments, ou à Amsterdam pour empêcher les comportements indisciplinés. La promesse Tiaki en Nouvelle-Zélande (Tiaki Promise), le serment pour un tourisme durable en Finlande (Sustainable Travel Finland Pledge) et le pacte d’Aspen aux États-Unis (Aspen Pledge) sont quelques exemples de pactes mis en œuvre dans d’autres pays. Ces codes de conduite reposent sur des systèmes et des infrastructures qui permettent aux visiteurs de respecter leurs engagements (ex. : toilettes et poubelles). Une collaboration entre les autorités locales et nationales, mais également avec le secteur privé, est par conséquent nécessaire.

Pour s’adapter aux évolutions comme le tourisme de proximité ou l’allongement de la durée des séjours en cas de voyage de longue distance, plusieurs pays ont développé de nouvelles politiques en matière de visas. Certains pays s’intéressent également au marché croissant des « nomades du numérique », dans la mesure où les individus s’adaptent aux possibilités offertes par les modes de travail à distance adoptés au lendemain de la pandémie. Plus de 20 pays ont ainsi mis en place des visas à l’intention des nomades du numérique ou des travailleurs à distance afin de les encourager à séjourner sur leur territoire pendant des périodes prolongées. Au Costa Rica, la législation prévoit que les travailleurs choisissant de résider temporairement dans le pays bénéficient d’une sécurité juridique et d’incitations spécifiques, notamment sous la forme d’une exemption totale de l’impôt sur le revenu. L’Indonésie propose quant à elle un nouveau visa d’une durée de cinq ans qui exonère les visiteurs de tout impôt sur les revenus perçus dans d’autres pays.

Les bouleversements provoqués par la pandémie de COVID-19 ont créé les conditions favorables à l’élaboration de nouveaux modèles de tourisme, dans lesquels les mesures de relance jouent un rôle central pour le verdissement du secteur. Cela passe notamment par une relance verte axée sur l’humain en faveur des entreprises, des communautés locales et des voyageurs. Il est par conséquent indispensable de comprendre la chaîne de valeur du tourisme, sa dépendance à l’égard de l’environnement et des ressources physiques, ainsi que les moyens d’action sociopolitiques disponibles pour engager un changement systémique.

Le tourisme a un rôle à jouer dans l’accélération de la transition vers une économie sobre en carbone, efficace dans l’utilisation des ressources et socialement inclusive. Une meilleure qualité de l’air, une eau plus saine, une gestion efficace des déchets et une protection renforcée de la biodiversité permettent non seulement de réduire la vulnérabilité des populations et des destinations, mais sont susceptibles de stimuler l’activité économique, de générer des recettes, de créer des emplois de qualité et de réduire les inégalités. Pour atteindre ces objectifs, il conviendra de mettre en œuvre des politiques actives visant à réduire les émissions de CO2 et la pollution, à améliorer l’efficience énergétique et l’efficacité de l’utilisation des ressources, et à empêcher la perte de biodiversité et la disparition d’écosystèmes. Le renforcement de la résilience et l’autonomisation des communautés et autres acteurs du tourisme constituent un socle solide pour accompagner ces évolutions.

La relance verte et la transition vers la neutralité des émissions de carbone nécessitent d’adopter une approche systémique qui tienne non seulement compte des spécificités de la chaîne de valeur du tourisme, mais aussi des systèmes économiques et socio-culturels plus généraux auxquels le tourisme est intégré. La relation symbiotique entre le tourisme, d’une part, et la préservation et la restauration des écosystèmes, d’autre part, doit également être intégrale, notamment car la santé des écosystèmes est une condition essentielle au renforcement de la résilience et à la lutte contre le changement climatique. Ont été présentés dans ce chapitre toute une série de politiques, d’éléments catalyseurs et d’initiatives permettant de faciliter la transformation verte des entreprises, des destinations et du secteur du tourisme dans son ensemble. Ces dispositifs et instruments sont souvent interdépendants, et les mesures d’action peuvent être conçues pour cibler des niveaux ou échelles spécifiques (ex., au niveau national, à l’échelle des entreprises, à l’intention des destinations, etc.). Il est ainsi nécessaire de mettre en place des mécanismes de gouvernance innovants afin de favoriser la cohérence et l’intégration des politiques, sachant que leur application dépend de mesures de soutien financier et de dispositifs de gouvernance adaptés à des objectifs spécifiques.

Certains facteurs ont un effet catalyseur pour l’ensemble de ces mécanismes, comme la nécessité, pour éclairer les futures décisions de politique publique, de renforcer les capacités et les connaissances, et de créer en environnement d’apprentissage capable de fournir des résultats empiriques (données fiables et significatives sur le tourisme, examen critique des mesures d’intervention et de leurs répercussions inattendues, etc.). L’environnement opérationnel se fait de plus en plus incertain et exige donc d’adopter une approche agile en matière de politique et de gouvernance. Pour que le tourisme puisse relever les défis abordés dans le présent chapitre, il conviendra de poursuivre les travaux de recherche et les efforts d’innovation, mais aussi d’investir toujours davantage dans les technologies et les pratiques d’avenir.

Sur la base de l’analyse présentée dans ce chapitre, les principales mesures d’action publique permettant de promouvoir une relance verte et d’accélérer la transition vers une économie verte du tourisme consistent notamment à :

  • Développer des stratégies à long terme qui définissent un modèle pour un avenir du tourisme durable, ainsi que des objectifs en matière de contribution au bien-être économique, environnemental et social. Ces efforts doivent être soutenus par des plans d’action établissant clairement les responsabilités, définissant des objectifs intermédiaires et finaux chiffrables, et capables de stimuler la relance verte.

  • Tirer parti du rôle de catalyseur que jouent les pouvoirs publics en faveur de la transition vers un tourisme vert, y compris en montrant l’exemple (par la décarbonation des organismes publics, par exemple) et en veillant à ce que toutes les infrastructures touristiques financées ou achetées par le secteur public respectant les normes environnementales les plus strictes et contribuent au développement de la résilience au changement climatique (ex. : solutions fondées sur la nature).

  • Améliorer la coordination des politiques touristiques avec les domaines pertinents de l’action publique pour soutenir la transition verte, et notamment la préservation et la gestion de l’environnement, les mesures d’action en faveur du climat, les transports durables et le développement social (dont le développement économique régional et de la santé). L’intégration des politiques n’est pas uniquement importante pour assurer leur cohérence et leur efficacité, mais aussi pour tirer parti des ressources de l’ensemble des portefeuilles.

  • Établir des mécanismes de gouvernance du tourisme permettant de relier et d’harmoniser les mesures de verdissement à tous les niveaux de l’administration, et promouvoir la transparence et le principe de responsabilité. Dans l’époque incertaine et complexe que nous vivons, il est important de veiller à ce que les structures de gouvernance au niveau des destinations locales soient suffisamment souples, réactives et résilientes par rapport aux niveaux national et international, et ce, pour pouvoir produire les résultats escomptés.

  • Mettre en œuvre une panoplie de politiques et de mesures d’intervention fondées sur des données probantes afin de promouvoir des pratiques touristiques plus vertes. Il convient ainsi de privilégier les mesures ciblant les domaines d’action à fort impact le long de la chaîne de valeur du tourisme, tant du côté de l’offre que de la demande, et d’appliquer une approche combinant des dispositifs d’intervention directe (investissements, par exemple), des dispositions réglementaires, des incitations et des mesures de sensibilisation afin d’accélérer les progrès vers un modèle touristique plus vert.

  • Développer et améliorer les cadres de suivi pour mesurer les progrès, en proposant des données et des indicateurs fiables et significatifs. Cela s’avère particulièrement important, d’une part, afin que les visiteurs, les entreprises et les acteurs des destinations comprennent mieux l’impact de leurs actions sur l’environnement et, d’autre part, pour éclairer le développement de politiques, de stratégies et de programmes efficaces.

  • Promouvoir l’intégration du tourisme dans l’ensemble de l’économie, y compris dans les industries primaires (comme l’agriculture et l’exploitation forestière) et au niveau des destinations. Il convient ainsi de tirer parti des interdépendances entre secteurs pour renforcer la durabilité et la résilience du tourisme et d’autres chaînes de valeur et d’approvisionnement (alimentation ou transport, par exemple), maximiser les avantages au niveau local et favoriser l’application des principes de l’économie circulaire (approche circulaire de l’utilisation des ressources).

  • Renforcer les capacités et les connaissances à l’appui des mesures de verdissement sur l’ensemble du système touristique (des consommateurs aux opérateurs, jusqu’aux investisseurs). Il est donc important de : 1) promouvoir une meilleure compréhension de la durabilité et des notions connexes, comme la passation de marchés durables, l’efficacité dans l’utilisation des ressources ou encore l’innovation circulaire ; 2) donner aux individus les moyens nécessaires pour créer leurs propres solutions et faire des choix de voyage durables en encourageant le recours aux outils d’information des consommateurs ; et 3) aider les entreprises du tourisme, d’une part, à agir en faveur d’une réduction de leurs émissions de GES et de leur impact sur l’environnement et, d’autre part, à mesurer leurs progrès en ce sens, y compris par le développement des compétences et par l’accès aux financements. Les autorités publiques peuvent favoriser l’apprentissage et le partage de connaissances, mais aussi soutenir des produits ou des modèles économiques différents, notamment par le biais de mécanismes de transfert ou de déploiement à grande échelle de technologies de pointe.

  • Encourager le développement des expériences de tourisme durable produisant des résultats positifs sur l’environnement et pour les visiteurs. L’innovation doit être encouragée dans le domaine de la conception d’expériences, et ce, afin de donner aux visiteurs la possibilité de prendre des décisions plus vertes en matière de voyage (y compris à partir de solutions numériques) et de contribuer ainsi de manière positive à la préservation des destinations.

Références

[30] Banque européenne pour la reconstruction et le développement et Global Centre of Excellence (2018), Advancing TCFD guidance on physical climate risks and opportunities, https://www.tcfdhub.org/resource/advancing-tcfd-guidance-on-physical-climate-risks-and-opportunities/.

[24] Becken, S. et J. Kaur (2021), « Anchoring “tourism value” within a regenerative tourism paradigm–a government perspective. », Journal of Sustainable Tourism vol. 30, n° 1, pp. 52-68.

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[29] Becken, S. et al. (2020), « Tourism and climate change: evaluating the extent of policy integration », Journal of Sustainable Tourism, vol. 28/10, pp. 1603-1624.

[10] Commission européenne (2022), Transition Pathway for Tourism, https://ec.europa.eu/docsroom/documents/49498.

[14] Commission européenne (2021), Attitudes of Europeans towards tourism, https://europa.eu/eurobarometer/surveys/detail/2283.

[8] FIT (2021), Decarbonising air transport: Acting now for the future, https://www.itf-oecd.org/decarbonising-air-transport.

[12] GIEC (2022), Climate Change 2022: Impacts, Adaptation, and Vulnerability, https://www.ipcc.ch/report/ar6/wg2/.

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[11] IPBES (2019), Global assessment report on biodiversity and ecosystem services of the Intergovernmental Science-Policy Platform on Biodiversity and Ecosystem Services, https://ipbes.net/global-assessment.

[23] Ministère néo-zélandais des Entreprises, de l’Innovation et de l’Emploi (MBIE) (2022), The Tourism Futures Taskforce interim report – We are Aotearoa, https://www.mbie.govt.nz/immigration-and-tourism/tourism/tourism-recovery/tourism-futures-taskforce/tourism-futures-taskforce-interim-report/.

[15] OCDE (2022), Carbon pricing and COVID-19: Policy changes, challenges and design options in OECD and G20 countries, https://www.oecd.org/environment/carbon-pricing-and-covid-19-8f030bcc-en.htm.

[28] OCDE (2022), Environment at a Glance - OECD, https://www.oecd.org/environment/environment-at-a-glance/.

[16] OCDE (2022), Financing SMEs and Entrepreneurs 2022: An OECD Scoreboard, https://www.oecd.org/cfe/smes/financing-smes-and-entrepreneurs-23065265.htm.

[13] OCDE (2022), Global Plastics Outlook: Economic Drivers, Environmental Impacts and Policy Options, https://www.oecd-ilibrary.org/environment/global-plastics-outlook_de747aef-en.

[22] OCDE (2022), Policy brief on making the most of the social economy’s contribution to the circular economy, https://www.oecd-ilibrary.org/industry-and-services/policy-brief-on-making-the-most-of-the-social-economy-s-contribution-to-the-circular-economy_e9eea313-en.

[3] OCDE (2022), Pourquoi les gouvernements devraient cibler le soutien dans un contexte de prix élevés de l’énergie, https://www.oecd.org/ukraine-hub/policy-responses/pourquoi-les-gouvernements-devraient-cibler-le-soutien-dans-un-contexte-de-prix-eleves-de-l-energie-26afd50c/.

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[9] OCDE (2021), Lignes directrices du G20 de Rome pour l’avenir du tourisme , https://www.oecd.org/fr/cfe/lignes-directrices-du-g20-de-rome-pour-l-avenir-du-tourisme-15600ed8-fr.htm.

[1] OCDE (2021), No net zero without SMEs. Exploring the key issues for SMEs and green entrepreneurship, https://www.oecd-ilibrary.org/energy/no-net-zero-without-smes_bab63915-en.

[20] OCDE (2020), Linking Indigenous Communities with Regional Development in Australia, https://www.oecd-ilibrary.org/urban-rural-and-regional-development/linking-indigenous-communities-with-regional-development-in-australia_ab4d8d52-en.

[21] OCDE (2020), Linking Indigenous Communities with Regional Development in Canada, https://www.oecd-ilibrary.org/urban-rural-and-regional-development/linking-indigenous-communities-with-regional-development-in-canada_fa0f60c6-en;jsessionid=Zc5O7zT-STKGaXO0IO_jwewyJLegy6mhPOmTNmwF.ip-10-240-5-71.

[4] OCDE (2018), Éléments d’un nouveau discours autour de la croissance, https://one.oecd.org/document/SG/NAEC(2018)1/fr/pdf.

[7] OMC et FIT (2019), Transport-related CO2 Emissions of the Tourism Sector, https://www.e-unwto.org/doi/book/10.18111/9789284416660.

[26] OMT (2021), Baromètre OMT du tourisme mondial : volume 19, numéro 5, https://www.e-unwto.org/toc/wtobarometerfra/19/5.

[19] One Planet (2022), Initiative mondiale sur les plastiques touristiques, https://www.oneplanetnetwork.org/programmes/sustainable-tourism/global-tourism-plastics-initiative.

[18] One Planet (2021), Encouraging sustainable procurement practices through the use of third-party certification schemes, https://www.oneplanetnetwork.org/knowledge-centre/resources/encouraging-sustainable-procurement-practices-through-use-third-party?page=2.

[2] PNUE et Banque mondiale (2021), Towards a Circular Tourism Economy: Drivers and strategies for a green transition, https://www.oneplanetnetwork.org/knowledge-centre/resources/towards-circular-tourism-economy-drivers-and-strategies-green-transition.

[17] Whelan, T. et C. Fink (2016), « The comprehensive business case for sustainability », Harvard Business Review 21.

[5] WTTC et PNUE (2021), A Net Zero Roadmap for Travel & Tourism: Proposing a New Target Framework for the Travel & Tourism Sector, https://wedocs.unep.org/20.500.11822/37355.

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