5. Sucre

Au cours des dix prochaines années, la consommation mondiale de sucre par habitant devrait progresser, principalement sous l’effet de l’augmentation des revenus dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire d’Asie et d’Afrique. Cette hausse générale devrait néanmoins être atténuée du fait d’un léger recul de la consommation par habitant dans les pays à revenu élevé, au vue des préoccupations de santé croissantes des consommateurs et des mesures mises en œuvre au niveau national pour décourager de consommer du sucre. En dépit de ces tendances divergentes, la consommation moyenne par habitant devrait rester beaucoup plus faible dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, notamment en Afrique subsaharienne, que dans les pays à revenu élevé.

Le sucre devrait rester le plus prisé des édulcorants caloriques représentant toujours 80 % de la consommation mondiale, malgré les efforts déployés un peu partout pour lui trouver des substituts. Le principal édulcorant calorique de remplacement, le sirop de maïs à haute teneur en fructose, ou isoglucose, devrait, dans le meilleur des cas, voir sa part se maintenir autour de 8 % de la consommation totale, le reste du marché revenant aux édulcorants intenses hypocaloriques, dont la saccharine, le sucralose et l’aspartame1.

Au cours de la période de projection, la production de sucre devrait croître principalement dans les grands pays producteurs de canne à sucre. Cultivée avant tout dans les régions tropicales et subtropicales, la canne à sucre continuera de constituer plus de 85 % de la production cumulée de plantes sucrières. Au Brésil, on s’attend à ce que la production augmente sous l’effet, causé par les prix rémunérateurs, de l’expansion des surfaces cultivées et de l’amélioration des rendements. En Inde et en Thaïlande, où les surfaces cultivées devraient rester relativement stables, ce sont les gains de productivité, y compris ceux que permettent les améliorations variétales et la hausse des taux d’extraction, qui seront les principaux déterminants de la croissance de la production de sucre. En Afrique du Sud, le premier fournisseur de canne à sucre du continent africain, les pouvoirs publics ont pris des mesures de soutien du secteur qui devraient contribuer à faire augmenter la production de canne. La production de betterave sucrière, surtout cultivée dans l’hémisphère nord, devrait rester assez stable dans l’Union européenne mais augmenter en Égypte, sous l’effet de la hausse de la demande régionale et industrielle. Cet essor de la production de betteraves sucrières devrait confirmer l’Égypte au premier rang des producteurs de sucre du continent africain en 2032.

Au cours de la prochaine décennie, la production d’éthanol à partir des plantes sucrières continuera de limiter l’offre de sucre. Au Brésil, le programme Renovabio a pour ambition d’encourager la fabrication d’éthanol, et c’est la canne à sucre qui demeure la principale matière première en vue de la réalisation de l’objectif fixé pour 2030. Les prix internationaux du pétrole brut, constants en termes réels, favoriseront la production d’éthanol de canne à sucre, tandis que la production brésilienne de sucre restera compétitive sur les marchés internationaux, même si l’on suppose une appréciation du real en termes réels. Les entreprises brésiliennes de transformation de la canne à sucre, qui peuvent facilement faire basculer leur activité vers le sucre ou vers l’éthanol, continueront de faire des arbitrages en fonction de la rentabilité relative des deux produits ; au cours des dix prochaines années, l’éthanol devrait devenir plus attractif que le sucre. Dans d’autres pays, la mise en œuvre de mesures en faveur du développement des biocarburants pèsera aussi sur la disponibilité de la canne à sucre pour la production de sucre, en particulier en Inde, où le programme national d’incorporation d’éthanol dans l’essence (Ethanol Blended Petrol Programme) vise un taux d’incorporation de 20 % d’éthanol dans l’essence (E20) d’ici 2025/26.

En 2032, le Brésil et l’Inde devraient totaliser autour de respectivement 23 % (45 Mt) et 19 % (38 Mt) de la production mondiale de sucre. Les perspectives de croissance sont meilleures au Brésil, où le secteur est soutenu par des ventes rentables sur le marché international ; en Inde, malgré la hausse du taux d’extraction, la croissance devrait être plus modérée, compte tenu de la réorientation de la canne à sucre vers la production d’éthanol. Dans le reste du monde, les plus fortes augmentations de production, en termes absolus par rapport à la période de référence, devraient être observées en Thaïlande (+5 Mt).

Les échanges internationaux continueront de croître, du fait principalement de l’augmentation de la demande des régions déficitaires dans les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire. Les exportations devraient progresser au cours de la décennie, représentant environ 37 % de la production mondiale de sucre en 2032, contre 36 % pendant la période de référence. Elles proviendront, comme auparavant, d’un nombre limité de pays, au premier rang desquels le Brésil (46 % des échanges internationaux), devant la Thaïlande et l’Inde. Les importations devraient être moins concentrées, avec les principales hausses prévues en Asie et en Afrique, tandis que les plus fortes baisses devraient avoir lieu aux États-Unis, en Russie et au Japon du fait d’une production intérieure plus élevée et, dans le cas du Japon, d’une contraction de la demande intérieure. Si le sucre brut de canne est appelé à continuer de représenter l’essentiel du sucre commercialisé dans le monde, la part du sucre blanc (raffiné) de canne ou de betterave devrait toutefois progresser légèrement.

Les prix internationaux du sucre en termes réels devraient décrocher de leurs niveaux élevés actuels à la faveur d’une augmentation des volumes disponibles à l’exportation, et baisser pendant la période de projection en raison des gains de productivité. La pression à la baisse sur les prix devrait être en partie compensée par les cours du pétrole brut, constants en termes réels, qui encourageront l’utilisation des plantes sucrières aux fins de la production d’éthanol. La surcote du sucre blanc (différence entre les prix du sucre blanc et du sucre brut), qui était particulièrement élevée (101 USD/t en moyenne pendant la période de référence) à cause du resserrement du marché du sucre blanc, devrait encore un peu augmenter en valeur nominale au cours de la période de projection avec, d’ici 2032, une hausse de la part des importations de sucre blanc dans le total des échanges.

La dynamique des marchés du sucre, telle qu’elle est présentée dans ces Perspectives, est entachée d’incertitudes et sujette à des risques, notamment du fait de la conjoncture économique mondiale et des nouvelles mesures relatives au sucre que les pouvoirs publics pourraient décider d’appliquer. Les conditions météorologiques, la rentabilité du sucre par rapport à l’éthanol et la concurrence d’autres cultures sont autant d’incertitudes supplémentaires qui entourent la production. Du côté de la demande, les évolutions de l’économie mondiale qui ont un impact sur le pouvoir d’achat, les préférences de consommation et l’inflation sont des facteurs clés qui pourraient modifier les profils de consommation présentés dans ces Perspectives.

Après avoir atteint leur plus bas niveau depuis 16 mois en octobre 2022, les prix internationaux du sucre ont nettement rebondi à la fin de l’année et au début de 2023, principalement parce que l’offre mondiale s’est restreinte tandis que la demande d’importations restait forte. Plus récemment, les préoccupations concernant les perspectives de baisse de la production dans les principaux pays producteurs ont exercé de nouvelles pressions à la hausse des prix internationaux du sucre. Les prévisions donnent une production de sucre en déclin en Inde et dans l’Union européenne, à cause d’un recul des surfaces cultivées en betterave sucrière et de leurs rendements. Cependant, dans l’ensemble, la production mondiale de sucre de la saison 2022/23 devrait être supérieure à celle de l’année précédente, car on escompte une reprise significative du secteur au Brésil, le premier producteur et exportateur mondial de sucre, et de meilleures récoltes en Thaïlande. S’agissant de la demande, la consommation mondiale de sucre devrait progresser pour la troisième saison consécutive en 2022/23. Cependant, cette évolution devrait être modérée par le ralentissement prévu de la croissance économique mondiale au cours de la même période. L’augmentation plus lente de la consommation par rapport à la production devrait placer le marché mondial du sucre en situation excédentaire en 2022/23. Du fait des disponibilités accrues à l’exportation, en particulier en provenance du Brésil et de la Thaïlande, on s’attend à ce que les échanges internationaux de sucre dépassent ceux de la saison précédente, ce qui devrait coïncider avec la hausse prévue de la demande mondiale d’importations en 2022/23 ; les premiers acheteurs de sucre, principalement sous forme brute pour les applications industrielles, demeurent la République populaire de Chine (ci-après « la Chine ») et l’Indonésie.

Au cours de la prochaine décennie, la consommation mondiale de sucre devrait poursuivre sa progression, à environ 1.1 % par an pour atteindre 193 Mt en 2032, soutenue par la croissance démographique et l’augmentation des revenus. Après avoir reculé à la fin des années 2010, en particulier pendant la pandémie de la covid-19, la consommation mondiale moyenne par personne devrait rebondir pour se situer à 22.5 kg/hab en 2032.

De façon générale, la consommation de sucre au cours de la prochaine décennie devrait surtout augmenter là où la quantité par personne est actuellement faible puisque, sous toutes ses formes, le sucre est une source d’énergie essentielle dans l’alimentation humaine. La tendance devrait être opposée là où la consommation par personne est élevée donc suscite des préoccupations de santé (risques de prise de poids et de caries dentaires). L’OMS recommande de ramener l’apport quotidien en sucres libres à moins de 10 % de l’apport énergétique total pour des raisons de santé.

L’Asie et l’Afrique seront les régions qui contribueront le plus au supplément de demande par rapport à la période de référence, puisqu’elles représenteront respectivement 67 % et 32 % du total mondial. L’urbanisation, l’essor de la classe moyenne et la jeunesse de la population devraient y être les principaux moteurs de l’augmentation de la consommation par habitant. En dépit de cette progression prévue, qui viendra prolonger celle des années passées, les consommations par habitant de l’Asie et de l’Afrique devraient rester en dessous de la moyenne mondiale d’ici 2032.

En Asie, la consommation de sucre sera tirée vers le haut par la croissance démographique et l’augmentation des revenus ainsi que par la consommation accrue de produits contenant du sucre à des fins industrielles, notamment pour les confiseries et les boissons sucrées. C’est d’abord l’Inde, puis l’Indonésie et la Chine, qui devraient contribuer le plus à la hausse globale de la consommation de sucre. En Inde et en Indonésie, la croissance démographique, même si elle est moins marquée que pendant la décennie précédente, et la hausse des revenus associée à une plus forte demande de boissons et de produits alimentaires transformés devraient soutenir l’augmentation de la consommation globale de sucre au cours des dix années à venir. En Chine, la consommation sort d’une période sans véritable croissance, débutée en 2016 par une période de hausse des prix, puis suivie d’une politique zéro covid de trois ans. Avec la réouverture des marchés au début de la période de projection, la consommation devrait repartir de l’avant au cours des dix prochaines années. Néanmoins, calculée par habitant, elle devrait se maintenir bien en dessous de la moyenne mondiale en 2032 (12.6 kg/hab). Les perspectives de croissance sont également solides dans les pays d’Asie les moins avancés. La consommation par habitant en Asie devrait progresser de 0.8 % par an au cours de la prochaine décennie, contre 0.3 % au cours de la précédente.

En Afrique, l’augmentation de la population et des revenus se poursuivra, entraînant dans son sillage la consommation globale de sucre, principalement du fait d’une consommation directe plus importante dans les zones urbaines. Dans les pays subsahariens les moins avancés, on s’attend à enregistrer les taux les plus élevés de croissance de la consommation par habitant à l’échelle de la région. De plus, comme c’est dans ces pays que la croissance démographique devrait être la plus forte, la consommation de sucre devrait y augmenter plus vite que dans le reste du monde. En revanche, en Afrique du Sud, où les pouvoirs publics ont pris des mesures pour décourager l’utilisation du sucre, la consommation chute depuis quelques années : la consommation par habitant devrait donc continuer de baisser au cours de la prochaine décennie.

Au cours des dix prochaines années, même si l’apport total quotidien en glucides reste plus élevé en Asie et en Afrique qu’ailleurs dans le monde (en particulier en Afrique du Nord et du Nord-Est), les glucides simples (glucose et fructose du sucre, des édulcorants à haute teneur en fructose, des fruits et des légumes et lactose) devraient continuer de ne représenter qu’une petite fraction de cet apport quotidien (). Dans ces deux régions, l’augmentation de la consommation de sucre ne modifiera pas sensiblement le régime alimentaire, du point de vue des apports en glucides, attendu que les trois quarts des glucides consommés proviennent d’aliments de base.

Dans le reste du monde, la part des glucides dans l’apport quotidien devrait rester stable, sauf en Amérique du Nord où l’on s’attend à une légère tendance à la baisse.

C’est traditionnellement dans les pays du continent américain, des Caraïbes et d’Europe que la consommation de sucre par habitant est la plus élevée, même si les édulcorants caloriques ne représentent qu’une petite part des glucides dans l’alimentation. Depuis 2010 globalement, la consommation d’édulcorants caloriques est en baisse dans ces régions, notamment car les effets préjudiciables de ces produits sur la santé sont mis en avant. Cette baisse devrait se poursuivre au cours de la prochaine décennie, mais à un rythme plus ralenti.

En Amérique latine, la première région fournisseuse de sucre du monde, la consommation de sucre par habitant a atteint des niveaux qui font craindre d’éventuels effets négatifs sur la santé. Pour tenter de réduire la consommation de boissons sucrées, certains pays comme le Chili, l’Équateur, le Mexique, le Pérou et plus récemment la Colombie ont, au cours de la dernière décennie, instauré une taxe sur les boissons qui contiennent du sucre. Des mesures visant à limiter la vente et/ou la promotion des boissons et des produits sucrés auprès des enfants de moins de 18 ans ont également été prises, et certains pays comme l’Argentine ont voté des lois imposant un système d’étiquetage nutritionnel sur le devant des emballages avec des seuils stricts pour les produits plus sains. La consommation par habitant devrait continuer de baisser, comme elle le fait déjà depuis quelques années, pour passer de 38.6 kg/hab au cours de la période de référence à 37.1 kg/hab.

L’Europe est la deuxième consommatrice de sucre, loin derrière l’Asie, parmi les sept régions présentées dans ces Perspectives. Au cours de la prochaine décennie, elle devrait céder la place à l’Afrique, puis l’Amérique latine et les Caraïbes, tout en restant la troisième région la plus peuplée du monde. En effet, depuis vingt ans environ, les administrations nationales s’y emploient à prendre des mesures pour éviter la consommation excessive de sucre. L’une de ces mesures est la taxation du sucre. L’Italie et la Pologne viennent de mettre en place une telle taxe, et la Fédération de Russie (ci-après « la Russie ») est en train d’en voter une (mise en œuvre prévue le 1er juillet 2023). L’industrie du secteur cherche aussi des solutions au problème de l’obésité en limitant le sucre dans les produits ou en lui préférant des édulcorants de synthèse. La consommation de sucre par habitant devrait continuer de décliner en Europe, mais à un rythme plus ralenti qu’au cours de la décennie précédente. En Ukraine, la consommation de sucre par habitant a fortement chuté après le début de la guerre en février 2022. Elle devrait cependant reprendre au cours des dix années à venir pour retrouver en 2032 ses niveaux d’avant la guerre. En Australie et en Nouvelle-Zélande, deux autres pays très consommateurs de sucre, on prévoit également une baisse. Cette tendance s’observera aussi au Canada et aux États-Unis. Cependant, les États-Unis sont le pays où la consommation par habitant est la plus élevée en ce qui concerne les édulcorants caloriques y compris l’isoglucose (48.1 kg/hab pendant la période de référence) ; au cours de la période de projection, ces édulcorants caloriques devraient céder du terrain au profit d’une consommation accrue de fruits et de légumes.

Le sirop de maïs à haute teneur en fructose, ou isoglucose, est l’autre édulcorant calorique, principalement utilisé dans les boissons à la place du sucre. Au contraire du sucre, il se présente sous forme liquide donc s’échange moins facilement. Il continuera de n’être consommé que dans un petit groupe de pays du monde, sans réelle évolution.

Les principaux producteurs, les États-Unis et le Mexique, resteront aussi les principaux consommateurs, avec respectivement 13.7 et 9.2 kg/hab en 2032. Aux États-Unis, l’isoglucose faisait concurrence au sucre à part égale dans le secteur des édulcorants caloriques au milieu des années 2000 : cette part relative est depuis en diminution, une tendance qui devrait se poursuivre, alors que le débat sur l’éventuel plus grand danger de l’isoglucose pour la santé est toujours en cours. Aux États-Unis en 2032, les deux produits devraient représenter respectivement 31 % et 69 % de la consommation d’édulcorants caloriques. Au Mexique, les efforts mobilisés par les pouvoirs publics pour réduire la consommation d’édulcorants caloriques et le déclin de la consommation d’isoglucose par habitant devraient se poursuivre pendant les dix prochaines années. De ce fait, parce que la demande d’isoglucose n’évoluera pas beaucoup, les États-Unis anticipent un recul de la production (-13 %) par rapport à la période de référence, jusqu’à atteindre 6 Mt en 2032.

Première productrice mondiale d’amidon, la Chine devrait connaître les changements les plus notables, puisque sa consommation d’édulcorants caloriques par habitant est très faible par rapport au reste du monde. La hausse des prix du maïs, observée depuis 2020, s’est répercutée sur le coût de la production/consommation d’isoglucose, d’où le remplacement partiel de ce dernier par le sucre ou d’autres édulcorants de substitution dans les boissons sucrées (érythritol), en fonction de la rentabilité des produits. Au cours des dix années à venir, avec des prix du maïs plus compétitifs, la production chinoise d’isoglucose devrait augmenter pour absorber une partie de la croissance de la demande intérieure (2.8 kg/hab en 2032). Il n’est en revanche prévu aucune augmentation au Japon et en Corée, où la consommation devrait être d’environ 6 kg/hab. Dans l’Union européenne, l’isoglucose restera non compétitif par rapport au sucre pendant la prochaine décennie, et totalisera seulement 1.6 kg/hab en 2032.

Dans le reste du monde, ce marché ne connaîtra pas d’évolution notable. Le sucre représentera dans l’ensemble toujours 80 % de la quantité totale consommée, et l’isoglucose, le principal produit de substitution, moins de 8 %. La part restante reviendra aux édulcorants intenses (à faible teneur en calories), non couverts dans ces Perspectives.

Dans l’hypothèse de conditions météorologiques normales, la production mondiale de sucre devrait augmenter légèrement au cours de la période de projection, ma s à un rythme modéré par la hausse du coût des intrants et la concurrence d’autres productions agricoles. Le secteur est très capitalistique : les prix rémunérateurs du marché intérieur devraient être suffisamment élevés pour soutenir les investissements et les développements, au niveau des cultures comme au niveau des sucreries.

La canne à sucre est la principale plante sucrière. On la trouve avant tout dans les régions tropicales et subtropicales. C’est une culture pérenne : les mêmes plantes peuvent être récoltées, au bout de 12 à 18 mois, pendant environ cinq ans puisque la canne repousse d’elle-même, même si les rendements diminuent au cours du temps. Elle est la matière première du sucre mais aussi de l’éthanol (avec une certaine flexibilité au Brésil). Elle permet aussi de produire de la mélasse (jus épais) et le résidu de la canne (bagasse, fibre laissée après extraction du jus épais) est utilisé pour fournir de l’énergie (coproduction de biocombustibles aux fins de la production d’électricité). À l’inverse, la betterave sucrière est une plante annuelle qui dépend davantage de la variabilité des coûts des intrants. Cultivée principalement en zone tempérée, elle donne un jus épais utilisé pour la production de sucre ou d’éthanol ; ses deux sous-produits sont la pulpe de betterave, destinée à l’alimentation animale, et la mélasse. De plus, la mélasse peut être traitée ultérieurement pour extraire le sucre cristallisé, ce qui génèrera à nouveau de la mélasse. Les plantes sucrières permettent d’obtenir un large éventail de produits, notamment des produits d’alimentation humaine (sucre), des produits d’alimentation animale, des bioproduits pour l’industrie (produits pharmaceutiques, matières plastiques, textiles et produits chimiques) et de l’éthanol. Elles fournissent aussi un sous-produit, la mélasse, qui peut elle aussi être traitée pour donner du sucre ou de l’éthanol. Aux cours des dix prochaines années, on devrait assister à une légère augmentation de la rentabilité du sucre et de l’éthanol donc, par voie de conséquence, à une hausse de la production des cultures sucrières dont ils sont les deux principaux produits.

La canne à sucre continuera de représenter environ 87 % des cultures sucrières. Au cours de la période de projection, la production mondiale de canne à sucre devrait croître de 1.0 % par an pour atteindre 1 905 Mt à l’horizon 2032, le Brésil, l’Inde et la Thaïlande devant contribuer le plus à cette augmentation du volume global produit (+142 Mt, +31 Mt et +6 Mt, respectivement). Cela témoigne surtout de la hausse relative des rendements des cultures, en Inde notamment, mais aussi en Argentine (bien qu’à partir d’une valeur inférieure), l’expansion des surfaces cultivées devant essentiellement intervenir au Brésil (+1.6 Mha).

Le Brésil est le plus gros pays producteur de canne à sucre et plus de la moitié de sa production est destinée à la fabrication d’éthanol. Au cours des dix prochaines années, le gonflement de la demande ainsi que la rentabilité escomptée des deux produits, le sucre et l’éthanol, encouragera le secteur à répondre aux besoins du marché. Des investissements dans la mécanisation et des pratiques de production plus durables devraient permettre, entre autres, de réduire les effets de la sécheresse de ces dernières années. Le pays devrait aussi voir ses surfaces cultivées s’étendre : la part de la canne à sucre dans le total des terres arables disponibles passera de 12.8 % pendant la période de référence à 14.4 % en 2032, avec peu d’amélioration des rendements, du fait de conditions climatiques plus sèches que par le passé.

En Inde, la croissance de la production de canne à sucre devrait être principalement due à l’amélioration des rendements, puisque la concurrence avec les autres productions agricoles devrait empêcher toute expansion des surfaces cultivées. En Thaïlande, la production de canne à sucre de la prochaine décennie devrait aussi compter principalement sur l’amélioration des rendements. Ces dernières années, les rendements inférieurs à ceux d’autres cultures, les prix plus élevés des engrais, les mesures plus strictes mises en place par les pouvoirs publics pour limiter les pratiques de brûlis pendant les récoltes et les conditions météorologiques défavorables ont contribué à faire reculer les superficies, qui ne devraient donc pas beaucoup augmenter au cours de la prochaine décennie. En Chine, pendant deux ans, les autorités régionales continueront de soutenir les exploitations agricoles et les sucreries pour qu’elles puissent se moderniser et maximiser leurs rendements. Mais, avec la fin de la politique zéro covid au début de la période de projection, la croissance escomptée sera modérée, attendu que les efforts et l’efficience seront limités par la hausse du coût des intrants, la concurrence entre cultures pour l’utilisation des terres et les importations de sucre comparativement moins chères.

Les perspectives sont moins favorables pour la betterave sucrière, l’autre plante sucrière, car sa culture est plus sensible à la hausse des coûts des intrants. En augmentant quelque peu, les rendements devraient légèrement tirer vers le haut la production, qui devrait ainsi atteindre 284 Mt en 2032, avec un taux de croissance annuel (0.4 % par an) plus faible qu’au cours de la décennie précédente (0.5 % par an) (Graphique 5.4). Par rapport à la période de référence, on s’attend à une expansion en Russie (+8.1 Mt, à partir d’une faible valeur de référence), en Türkiye, en Égypte, en Chine, aux États-Unis, et en Ukraine. Au cours de la dernière décennie, l’Égypte et la Chine avaient contribué le plus à l’augmentation mondiale de la production de betterave sucrière.

La surface agricole consacrée à la culture de la betterave sucrière devrait diminuer, les marges bénéficiaires étant impactées par la hausse des prix des engrais et de l’énergie (les sucreries de betterave doivent acheter des produits énergétiques pour pouvoir fonctionner, contrairement aux sucreries de canne qui peuvent avoir recours à la bagasse). C’est l’amélioration des rendements, uniquement, qui permettra à cette plante de conserver sa part de marché. Cela devrait surtout être le cas aux États-Unis, où les deux plantes sucrières sont cultivées en proportion presque égale, avec environ 55 % du sucre continuant de provenir de la betterave sucrière. Dans l’Union européenne, les prévisions donnent une production plutôt stable, en raison notamment de coûts des intrants plus élevés que pour d’autres cultures et d’une législation environnementale plus stricte2 ; il n’est pas prévu que les rendements augmentent, et certaines exploitations agricoles se tourneront vers d’autres cultures.

En Égypte, les prix d’achat rémunérateurs devraient stimuler la plantation de betteraves sucrières, et des efforts sont également mobilisés en faveur de l’adoption de variétés de semences améliorées. Les actions actuellement menées par les pouvoirs publics pour stimuler la production agricole domestique devraient contribuer à l’accroissement global des surfaces destinées à la betterave et des rendements des cultures.

Si, au cours de la dernière décennie, 81 % des cultures sucrières mondiales étaient utilisées pour produire du sucre, on s’attend à ce que cette part baisse pendant la période de projection, pour atteindre 76 % en 2032 (72 % dans le cas de la canne à sucre et 97 % dans celui de la betterave sucrière) du fait de la concurrence accrue de l’éthanol, les sucreries ayant souvent la possibilité de basculer facilement d’un produit à l’autre. Le Brésil restera le principal producteur de sucre et d’éthanol de canne à sucre, produisant 40 % de la canne à sucre mondiale d’ici à 2032 : cette canne à sucre brésilienne sera utilisée pour 23 % de la production mondiale de sucre et 76 % de la production mondiale d’éthanol de canne à sucre (contre 21 % et 88 % au cours de la période de référence).

La production mondiale de sucre devrait passer de 175 Mt pendant la période de référence à 198 Mt en 2032, dont 23 % fournis par le Brésil, qui devrait satisfaire aux besoins croissants du marché international, en particulier dans la deuxième moitié de la décennie.

L’Asie restera la première région productrice, avec environ 42 % de la production mondiale. La Thaïlande devrait augmenter sa production de sucre de +5 Mt d’ici à 2032 par rapport à la période de référence, et ainsi fournir la part la plus importante de l’offre de sucre sur le marché mondial derrière le Brésil. Ce gonflement de la production va de pair avec la hausse de la production de canne à sucre et avec des taux d’extraction du sucre dont il est prévu qu’ils restent à leur niveau élevé de ces dernières années. En Inde, deuxième pays producteur de sucre du monde, la production de sucre devrait progresser à un taux inférieur à celui de la décennie précédente, du fait de la croissance ralentie de la production de canne à sucre et d’une plus grande réaffectation des récoltes à la production d’éthanol.

Grâce au Brésil qui est le premier pays producteur de sucre du monde, l’Amérique latine arrive en deuxième position du classement régional. La reprise, après une longue crise financière et un épisode de sécheresse, devrait s’accompagner d’investissements plus élevés dans le secteur. Compte tenu de la rentabilité des marchés internationaux du sucre, la production sucrière devrait augmenter de 5.2 Mt au cours des dix prochaines années.

On escompte que l’Afrique s’octroiera une plus grande part du marché mondial, principalement grâce aux pays d’Afrique subsaharienne, où les mesures de soutien public et les investissements étrangers devraient favoriser la hausse de la production sucrière au cours de la prochaine décennie. La production sucrière bénéficiera également de conditions propices à la culture de la canne à sucre, dont un climat favorable et des terres disponibles.

La production dans les pays de l’OCDE devrait être l’origine de moins de 10 % de l’augmentation mondiale par rapport à la période de référence. En 2032, la région représentera 21.2 % du marché mondial, contre 22.7 % pendant la période de référence. Même si elle conserve sa position de principal producteur de la région (37 %), l’Union européenne verra sa production de sucre se stabiliser. Toujours par rapport à la période de référence, c’est aux États-Unis qu’on observera la plus forte hausse de l’offre de sucre (+0.7 Mt), la production continuant de bénéficier de plusieurs mesures prises en faveur de la filière domestique, notamment le programme de prêts aux producteurs de sucre (Sugar Loan Program) qui soutient les prix payés aux agriculteurs ; les quotas de commercialisation du sucre (Sugar Marketing Allotments) qui visent à ce que les producteurs nationaux puissent satisfaire 85 % de la consommation intérieure ; le programme de flexibilité de l’approvisionnement (Feedstock Flexibility Program) qui aide à réorienter les excédents de sucre vers la production d’éthanol plutôt que favoriser le recours au dispositif de prêt de la Commodity Credit Corporation (CCC) du ministère de l’Agriculture ; et les barrières commerciales qui limitent les importations aux besoins uniquement (contingents tarifaires, accords régionaux et accords de suspension relatifs au sucre avec le Mexique).

Le sucre continuera d’être un produit très échangé. Dans la plupart des cas (60 %), il le sera sous forme brute. Cependant, la part des importations de sucre blanc comprenant une surcote augmentera davantage comparativement (Graphique 5.6).

Il est attendu que les importations représentent 37 % de la consommation mondiale en 2032, l’Asie et l’Afrique restant des régions importatrices nettes. Cependant, en Afrique, des efforts engagés pour stimuler les capacités de production intérieure permettront de réduire la dépendance aux importations, même si elles devraient encore constituer 72 % de la consommation en 2032. La croissance de la consommation dans les pays subsahariens les moins avancés devrait tirer vers le haut la part du sucre blanc importé pour la consommation directe. En Asie, aucun changement important n’est prévu s’agissant de la dépendance : les importations continueront de représenter 42 % de la consommation et la part du sucre brut importé à des fins industrielles continuera d’augmenter, principalement du fait de la Chine et de l’Indonésie, des acheteurs majeurs. À l’horizon 2032, l’Afrique et l’Asie recevront respectivement 28 % et 59 % des importations mondiales.

Au cours des dix dernières années, l’Asie du Sud et du Sud-Est, l’Europe, le Proche Orient et l’Afrique du Nord ont été les principales régions importatrices. Pendant la prochaine décennie, avec la fin de la politique zéro covid et une forte croissance de la consommation, la région Autres pays d’Asie du Sud-Est devrait devenir la première région importatrice de sucre, et l’Indonésie devrait être le plus gros pays importateur. Une croissance soutenue est également attendue dans les régions Proche Orient et Afrique du Nord et Afrique subsaharienne, bien qu’à partir d’une valeur de référence inférieure.

Au cours des dix prochaines années, les importations de sucre devraient diminuer encore, principalement aux États-Unis et en Russie du fait de meilleures perspectives du côté de l’offre, et aussi au Japon en raison d’une baisse de la population. Aux États-Unis, pays traditionnellement déficitaire en sucre, des politiques nationales continueront de favoriser la production intérieure et limiter les importations. Les flux d’importation seront régis par des contingents tarifaires appliqués en vertu d’accords de l’OMC ou d’accords de libre-échange et par les limites que le ministère du Commerce des États-Unis (US Department of Commerce) impose aux exportations du Mexique. Les prix du sucre étant relativement plus élevés aux États-Unis, le Mexique continuera néanmoins d’exporter sa production vers son voisin, principalement pour répondre aux besoins de celui-ci. En contrepartie, le Mexique devrait continuer d’importer de l’isoglucose des États-Unis pour satisfaire sa demande d’édulcorants. Dans l’Union européenne, les importations de sucre devraient diminuer encore, sous l’effet de la contraction de la demande, pour atteindre 1.9 Mt à l’horizon 2032.

S’agissant des exportations, les marchés du sucre devraient rester très concentrés (Graphique 5.7). Quatre pays continueront de fournir plus de 88 % du sucre brut à l’horizon 2032 : le Brésil (60 %), la Thaïlande (14 %), l’Inde (8 %) et l’Australie (7 %). Pour ce qui est du sucre blanc, environ 63 % de l’offre sera assurée par le Brésil (24 %), la Thaïlande (19 %), l’Inde (15 %) et l’Union européenne (5 %).

Le Brésil restera de loin le premier exportateur (46 % en 2032) (Graphique 5.7). Les sucreries devraient bénéficier d’incitations intéressantes à la production de sucre destiné à l’exportation. Les rendements favorables à la production d’éthanol de canne à sucre continueront de jouer un rôle déterminant, mais la croissance de la production de canne devrait être plus élevée pour le sucre que pour l’éthanol, ce qui libérera davantage de sucre pour les exportations. Ainsi, les exportations de sucre brésilien devraient atteindre 34 Mt en 2033, soit +6 Mt au cours de la période de projection, et se faire principalement sous forme de sucre brut, même si la part du sucre blanc devrait progresser, de 14 % à 21 % en 2032.

La Thaïlande, deuxième pays exportateur de sucre du monde, produit très peu d’éthanol directement à base de canne (moins de 2 %), car elle privilégie plutôt la mélasse ou le manioc. D’ici à 2032, la part des exportations de sucre devrait atteindre 16 %, soit près de 11.8 Mt, contre 11 % et 6.9 Mt durant la période de référence, du fait d’un recul de la production en 2020. En Inde, les exportations de sucre ne devraient pas augmenter sensiblement du fait des efforts constants des pouvoirs publics pour promouvoir l’éthanol. En Australie, un autre pays orienté vers les exportations, les exportations de sucre devraient continuer de totaliser encore les trois quarts environ de la production.

Au début de la période couverte par les Perspectives, malgré des indications selon lesquelles le marché mondial redeviendra excédentaire et une politique nationale brésilienne relative à l’essence (prix plus bas mais rétablissement de certains prélèvements fiscaux à la fin de février) tendant à favoriser le sucre plutôt que l’éthanol, les prix internationaux du sucre devraient ne baisser que très légèrement, du fait des coûts élevés des intrants.

Les prix internationaux du sucre, en termes réels, devraient décrocher de leurs niveaux élevés actuels à la faveur d’une augmentation des volumes disponibles à l’exportation, et baisser pendant la période de projection en raison des gains de productivité. La pression à la baisse sur les prix devrait être en partie compensée par les cours du pétrole brut, constants en termes réels, ce qui devrait encourager l’utilisation des plantes sucrières aux fins de la production d’éthanol (Graphique 5.8). Dans l’ensemble, les prix réels devraient tomber en dessous du niveau moyen des 20 dernières années, lorsqu’ils étaient tirés vers le haut par la concurrence des biocarburants (éthanol).

En termes nominaux, ils devraient suivre une tendance légèrement ascendante, puisque la demande devrait revenir à son niveau d’avant la pandémie de la covid-19, sous réserve que le rapport de prix entre l’éthanol et le sucre ne soit pas sensiblement modifié.

La surcote du sucre blanc (différence entre les prix du sucre blanc et du sucre brut), qui était particulièrement élevée (101 USD/t en moyenne pendant la période de référence) à cause de la flambée des prix de l’énergie et du resserrement du marché du sucre blanc, devrait encore un peu augmenter en valeur nominale au cours de la période de projection avec, d’ici 2032, une hausse de la part des exportations de sucre blanc dans le total des échanges.

Ces Perspectives font l’hypothèse de conditions climatiques normales, qui laissent envisager un avenir favorable pour la culture des plantes sucrières. Mais des événements météorologiques dommageables, causés par exemple par le changement climatique, pourraient avoir un impact marqué sur les productions et les prix, étant donné la concentration relativement élevée du marché des exportations. Un changement du rapport de prix entre les cultures pourrait aussi influer sur les décisions et inciter à planter des variétés plus rentables.

La fluctuation des prix relatifs du pétrole brut et du sucre affecte la compétitivité et la rentabilité de la production de sucre comparativement à celle d’éthanol à base de plantes sucrières, et demeure une source de profondes incertitudes. Cette fluctuation joue un rôle important dans les décisions des sucreries de canne quant à la quantité de sucre à produire pour le marché international, dépendante de la rentabilité du sucre par rapport à celle de l’éthanol. Au Brésil, en outre, les prix des carburants des produits pétroliers raffinés peuvent être fixés librement, bien qu'il faille tenir compte de l'influence de Petrobras, l'industrie pétrolière publique brésilienne. Sa décision sur le moment et la manière de réagir au prix du pétrole brut international pourrait avoir une certaine influence sur le niveau du prix national de l'essence. En Inde, la mise en œuvre de mesures en faveur du développement des biocarburants pèsera aussi sur la disponibilité de la canne à sucre pour la production de sucre, en particulier à l’heure où le programme national d’incorporation d’éthanol dans l’essence (Ethanol Blended Petrol Programme) vise un taux d’incorporation de 20 % d’éthanol dans l’essence (E20) d’ici 2025/26. Ces Perspectives tiennent déjà compte des mesures susmentionnées, mais d’autres évolutions de l’action publique pourraient avoir des effets conséquents sur la production de sucre.

Les politiques nationales peuvent également entraîner une variabilité du marché. Dans ces Perspectives, le risque que le Mexique impose une interdiction du maïs génétiquement modifié à compter de 2025 n’est pas pris en compte. Si cette mesure entrait en vigueur, elle pourrait toucher les importations mexicaines d’isoglucose en provenance des États-Unis et, par ricochet, les importations de sucre par les États-Unis en provenance du Mexique, qui devraient représenter environ 40 % du total des importations américaines strictement réglementées.

Dans les pays où la consommation est élevée, la mise en place d’une taxe sur le sucre en vue de limiter son utilisation pour des raisons de santé pourrait aussi avoir des effets, amplifiés par la forte élasticité-prix de la demande. Les préférences des consommateurs pour des produits à faible teneur en sucre ou non sucrés pourraient aussi contribuer à abaisser les prévisions de consommation. De même, si le marché des produits de substitution moins caloriques se développe en réponse aux préoccupations de santé, la demande de sucre pourrait s’en trouver modifiée.

Du côté de l’offre, la domination de quelques exportateurs au cours de la prochaine décennie est aussi une source d’incertitudes pour les marchés du sucre. Environ 60 % du sucre échangé est transporté sous forme brute dans des navires vraquiers. Étant donné la croissance de la demande d’importation de sucre blanc, on escompte des investissements pour accroître la capacité d’exportation du sucre raffiné, plus délicat du fait des risques de contamination, de séchage et d’agglomération. Selon ces Perspectives, la surcote du sucre blanc devrait être suffisamment attractive pour que le Brésil, qui a l’habitude d’exporter le sucre brut, et la Thaïlande investissent dans leurs capacités de livraison de sucre blanc. Cependant, les capacités de raffinage des pays de destination pourraient aussi se développer, ce qui changerait la donne.

De nouveaux investissements dans la recherche-développement (nouvelles techniques de sélection des plantes sucrières, telles que l’édition génomique) et de nouvelles possibilités de diversification de la filière du sucre (bioéthanol, bioplastiques et biogaz) pourraient aussi venir modifier la dynamique du marché.

Notes

← 1. Les projections indiquées dans ce rapport concernent uniquement les édulcorants caloriques, c’est-à-dire le sucre et l’isoglucose.

← 2. Les néonicotinoïdes, utilisés pour protéger les semences de betterave du virus de la jaunisse grave (BYV), ont été interdits en 2019 ; certaines autorisations d'urgence ont été accordées à un nombre limité d'États membres et pour des années spécifiques.

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